En cette rentrée pastorale, bien des événements d’Église viennent nous rappeler l’exigence missionnaire : le « Congrès Mission » qui aura rassemblé des milliers de personnes à Nantes les 30 septembre et 1er octobre, le rassemblement « Kerygma » qui réunira à Lourdes du 20 au 23 octobre des catholiques de tous les diocèses de France engagés dans l’annonce de la foi, l’Assemblée du Synode sur la synodalité convoquée par le pape François du 4 au 24 octobre. J’ajouterai à ces événements, pour notre diocèse, ce travail engagé depuis janvier dernier suite à ma lettre pastorale et qui devrait aboutir à la présentation, le 4 février prochain, d’orientations pour l’avenir de notre Église diocésaine qui nous engageront tous. Je ne voudrais pas oublier la venue du pape François à Marseille les 23 et 24 septembre pour les rencontres méditerranéennes où s’est exprimé l’engagement de l’Église pour la fraternité, la paix et la justice qui sont constitutifs de sa mission. Tous ces événements, le travail que nous menons en Loire-Atlantique, ne cherchent pas d’abord à tenir un discours théorique sur la mission de l’Église mais bien plutôt – et là est leur intérêt – à chercher les chemins pour qu’aujourd’hui, en notre temps, le Salut soit annoncé.

Deux citations de l’Écriture peuvent  nous aider à comprendre leur importance et leur nécessité pour notre Église :

  • « Annoncer l’Évangile n’est pas pour moi un titre de gloire : c’est une nécessité qui m’incombe. Oui malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile. » 1
  • « Quel est celui d’entre vous qui veut bâtir une tour, et qui ne commence pas par s’asseoir pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout ? » 2

Saint Jean-Paul II, dans sa lettre apostolique Novo millennio Ineunte, écrite au terme du grand jubilé de l’an 2000, articule de manière claire l’exigence missionnaire et la nécessité de prendre en compte le réel :
« Il ne s’agit pas d’inventer un “ nouveau programme ”. Le programme existe déjà : c’est celui de toujours, tiré de l’Évangile et de la Tradition vivante. Il est centré, en dernière analyse, sur le Christ lui-même (…) C’est un programme qui ne change pas avec la variation des temps et des cultures, même s’il tient compte du temps et de la culture pour un dialogue vrai et une communication efficace. Ce programme de toujours est notre programme pour le troisième millénaire. Il est toutefois nécessaire qu’il se traduise par des orientations pastorales  adaptées aux conditions de chaque communauté. (…) C’est l’horizon le plus large et le plus exigeant de la pastorale ordinaire. Au milieu des données universelles et inaliénables, il est nécessaire que le programme unique de l’Évangile continue à s’inscrire dans l’histoire de chaque réalité ecclésiale, comme cela est toujours advenu. C’est dans les Églises locales que l’on peut fixer les éléments concrets d’un programme – objectifs et méthodes de travail, formation et valorisation du personnel, recherche des moyens nécessaires – qui permettent à l’annonce du Christ d’atteindre les personnes, de modeler les communautés, d’agir en profondeur par le témoignage des valeurs évangéliques sur la société et sur la culture. »

De tout temps, l’Église a cherché les moyens d’annoncer l’Évangile en fonction des besoins des gens, en fonction des événements historiques et des évolutions sociales et culturelles et ce, très tôt dans son histoire. Regardez comment Paul s’y prend pour annoncer le Christ aux Athéniens 3. Il ne s’y prend pas de la même manière que Pierre lorsqu’il s’adresse aux juifs de Jérusalem au lendemain de la Pentecôte et il ne leur tient pas le même discours qu’aux habitants de Corinthe. Tout simplement parce que l’histoire de ces communautés, leur culture, les univers religieux dont elles sont issues sont différents. Et si nous regardons plus loin que l’Église primitive, nous constatons que les événements historiques et l’évolution des civilisations et des cultures ont amené l’Église et les chrétiens à devoir sans cesse s’adapter et à se remettre en cause afin que l’Évangile résonne dans la langue des hommes et des femmes auxquels ils s’adressaient. C’est bien cela qui motiva la convocation du Concile Vatican II. En ce mois d’octobre, nous sommes invités à nous réjouir de toutes ces initiatives  prises à tous les niveaux de notre vie en Église qui témoignent de l’œuvre de l’Esprit. Permettez-moi de citer encore une fois saint Jean-Paul II : « L’Esprit Saint est le protagoniste de toute la mission ecclésiale (…) La mission de l’Église, comme celle de Jésus, est l’œuvre de Dieu ou, comme le dit fréquemment Luc, l’œuvre de l’Esprit. » 4
Alors faisons confiance à l’Esprit-Saint et prions le tout particulièrement en ce mois d’octobre. Qu’il guide et éclaire le pape François et les participants au synode romain, les baptisés engagés dans l’annonce de la foi qui se rassembleront à Lourdes pour partager leurs expériences et discerner ce qu’il convient de mettre en œuvre, les membres de mes conseils  consultés en ce moment pour m’aider à discerner les orientations pastorales pour notre diocèse.

Mgr Laurent PERCEROU
Évêque de Nantes
paru dans ELA n° 140 – Octobre2023

 


1. 1 Corinthiens 9, 16
2. Luc 14, 28-29
3. Actes 17, 16
4. Saint Jean-Paul II, Encyclique Redemptoris Missio 24