Le vendredi 6 janvier 2023, les services diocésains (administratifs et pastoraux), les représentants des mouvements et membres des conseils de l’évêque étaient réunis à la Maison Saint-Clair pour accueillir les vœux de Mgr Percerou, dont voici le texte. Ils ont ensuite partagé un moment convivial pour débuter l’année.

« Bonjour à chacune et à chacun, engagés dans les services diocésains, les mouvements d’apostolat des laïcs, dans les divers services du secrétariat général, dans les divers conseils qui m’entourent et me permettent de vivre au mieux la mission qui m’a été confiée. Bonjour à vous qui êtes engagés à la Fondation de la Providence, au séminaire Saint-Jean. Je ne voudrais pas oublier celles qui travaillent au 1er et au 8 de l’impasse Saint-Laurent au service des vicaires généraux et de l’évêque, et à vous qui êtes au service de notre cathédrale en restauration et qui veillez à ce que la communauté qui s’y rassemblait puisse vivre le mieux possible à la chapelle de l’Immaculée. Je voudrais saluer celles et ceux qui veillent sur nos frères-prêtres aînés dans les maisons du Bon-Pasteur et de l’Immaculée.

« Dans la joie que donne l’Esprit » … Je pense que cette phrase vous dit quelque chose ! Pour ceux qui ne le sauraient pas, c’est le titre de la Lettre pastorale que j’ai adressée au diocèse en la solennité de la Toussaint dernière… Pour commencer, permettez-moi de vous rappeler pourquoi j’ai eu le désir de vous écrire cette lettre.

Alors que nous étions en train de sortir petit à petit de la crise sanitaire et que nous étions tous sous le choc des révélations du rapport de la CIASE, il m’avait alors semblé nécessaire d’écrire aux diocésains pour leur partager un « premier regard » sur le diocèse et les inviter à s’engager résolument vers l’avenir avec espérance et détermination, à gonfler leurs voiles au souffle de l’Esprit Saint afin de goûter à nouveau aux joies de la mission au grand large ! Il était en effet plus que temps de sortir de cette espèce de brouillard oppressant qui épuisait les énergies et de retrouver le grand soleil du Christ ressuscité qui éclaire notre horizon. Mais j’étais loin d’imaginer qu’en cette Toussaint 2022 éclaterait « l’affaire Santier », et que, dans les semaines qui suivraient, viendraient s’ajouter d’autres révélations touchant des évêques émérites… A peine sortie de l’imprimerie, la Lettre pastorale ne risquait-elle pas de se trouver « pulvérisée » et d’une certaine manière discréditée, dépassée par le choc que constituaient toutes ces révélations…

Je peux me tromper, mais je n’ai pas le sentiment que ces dramatiques événements aient porté atteinte à la réception de la Lettre pastorale. Certes, et c’est bien normal, elle est diversement accueillie, il y a quelques remarques, quelques critiques, quelques satisfactions aussi… Mais elle a été distribuée partout. De nombreuses paroisses ont non seulement communiqué sur elle mais ont aussi organisé ou organiseront des rencontres pour échanger et se donner quelques objectifs missionnaires. Il en est de même dans les mouvements, les services diocésains et certains établissements scolaires. Vous le savez, cette Lettre pastorale a inspiré un document intitulé « Pour le service de la mission en Loire-Atlantique » qui présente huit chantiers prioritaires pour l’avenir du diocèse et qui seront mis en œuvre dès ce mois de janvier. Je ne reviendrai pas dessus, je vous renvoie à mon éditorial d’« Eglise en Loire-Atlantique » de ce mois de janvier et à l’article du père Sébastien de Groulard, également paru en novembre dernier.

Je veux croire en tout cas que cette Lettre pastorale et ces chantiers qui vont s’engager puissent constituer une formidable opportunité pour encourager, dynamiser et renouveler tous les acteurs de la vie de notre Église diocésaine.

Aussi, c’est à partir de la Lettre pastorale que je voudrais formuler 3 vœux pour chacun de nous et pour notre Eglise diocésaine :

1er vœu : Puissions-nous être tous ensemble en cette année 2023 « Lumière du monde et sel de la terre ». Si nous voulons être une lumière capable d’éclairer la route de nos contemporains, alors que les peurs, les inquiétudes ne manquent pas ; si nous voulons être de ceux qui donnons le goût et la saveur de l’Evangile à notre société et à notre monde, il nous faut « nous faire conversation »[1], comme nous y invitait le saint pape Paul-VI dans son Encyclique « Ecclesiam suam », une Encyclique qui inspire d’ailleurs l’action du pape François. Vous avez bien entendu ! Il ne s’agit pas « d’entrer en conversation », mais de « se faire conversation ». L’Église n’est pas à côté du monde ou au-dessus de lui, acceptant de temps en temps d’ouvrir ses fenêtres pour l’interpeller, pour « converser » avec lui. L’Église, tout au contraire, vit en fraternité avec notre monde, tout simplement parce ce que les chrétiens y vivent en une seule et même humanité avec celles et ceux qui ne partagent pas leur foi et, parce qu’avec eux, ils ont mission de le transformer. C’est précisément parce que nous nous reconnaissons de ce monde, et donc parce que nous prenons acte que, de fait, nous sommes toujours et partout en conversation avec lui, que nous pourrons faire briller la Lumière du Christ ressuscité et lui donner le bon goût du sel évangélique. Oui « se faire conversation » sera donc plus « qu’entrer en conversation » ! Ce sera croire que l’Eglise peut être une « conversation », c’est-à-dire un lieu de la parole, de la parole qui est accueillie, de la parole qui circule : la parole de mes frères et sœurs en humanité, la parole de ce Dieu qui, en ces jours de Noël, a pris chair en Jésus le Christ et Sauveur…

Aussi dans cette Encyclique, la Pape Paul VI invite-t-il l’Église – et donc chacun de nous – à vivre le dialogue avec notre monde à la manière du Christ, un dialogue qui, nous dit Saint-Paul VI, a 3 caractéristiques[2] : la clarté, parce que dialoguer suppose qu’on se comprenne. La douceur, parce que dialoguer c’est fuir l’orgueil, c’est refuser d’offenser notre interlocuteur, c’est lui permettre de grandir en liberté. La confiance enfin, qui permet confidence et amitié partagée et évite ainsi que nous mettions la main sur l’autre.

En cette année 2023, plus que jamais, au regard de l’actualité du monde et de notre Église, il nous faudra donc être des femmes et des hommes de dialogue. Nous voilà appelés à devenir, personnellement et en Eglise, lumière et sel, en acceptant d’être, par toute notre vie, « en conversation », c’est-à-dire en posture d’accueil et d’écoute de toutes celles et ceux qui croisent notre route, afin de pouvoir éclairer leurs pas, afin de pouvoir donner du goût. Nous le savons la vraie lumière, c’est le Christ ! Le sel authentique, c’est le Christ ! Oui, qu’en 2023 nos familles, nos paroisses se fassent conversation, que nos services diocésains, nos mouvements se fassent conversation, que nos établissements scolaires se fassent conversation !

2ème vœu : Puissions-nous en cette année 2023 entendre le Christ nous appeler à vivre avec lui et à partir, en Église (c’est-à-dire en communauté) proclamer la Bonne Nouvelle. (Marc 13, 3-4)

La seconde partie de la lettre pastorale invite à une double conversion : une conversion personnelle et une conversion communautaire.

« Le Christ nous appelle à vivre avec Lui. » Là se trouve la conversion personnelle à laquelle nous sommes tous appelés. Elle consiste à revenir au Christ qui, au jour de notre baptême, nous a invités à vivre avec lui. C’est dans cette vie partagée avec le Christ que se trouve la source de notre action missionnaire, comme l’a si bien exprimé le pape François dans Evangelii Gaudium : « Le véritable missionnaire, qui ne cesse jamais d’être disciple, sait que Jésus marche avec lui, parle avec lui, respire avec lui, travaille avec lui. Il ressent Jésus vivant avec lui au milieu de l’activité missionnaire. »[3]

Alors, en 2023, je nous souhaite, à chacun, de « vivre avec le Christ », de nous installer chez lui en quelque sorte ! Comme je vous l’écrivais dans la lettre pastorale, nous le savons bien, dès que nous négligeons notre vie spirituelle, dès que nous nous laissons absorbés par les soucis du quotidien, qu’ils soient familiaux ou professionnels, nous nous dispersons et nous perdons le tonus nécessaire à la mission. Je me réjouis, à ce propos, des initiatives de ressourcement spirituel qui sont proposés par les paroisses, les services, les mouvements, l’Enseignement catholique, afin de permettre aux chrétiens qui y sont engagés de se ressourcer, d’aller frapper à la porte de leur Seigneur et Maître afin de passer avec lui, chez lui, quelques heures de cœur à cœur. Je vous encourage, non seulement, à continuer de proposer ces lieux indispensables de ressourcement mais également à y participer, car ils font partie de la mission que l’Église vous confie à un titre ou à un autre. Et puis, c’est chacun, personnellement, qui est invité à s’interroger sur la place qu’il donne au Seigneur afin d’harmoniser sa vie à la sienne.

Alors, oui, le Christ nous appelle, chacun, à vivre avec lui et, dans le même temps, à partir, en Église (en communauté), porter la Bonne Nouvelle au monde. En cette année 2023, que chacune de nos familles, paroisses, services, mouvements et toutes ces équipes et ces groupes qui se réunissent au nom du Christ, puissent connaître la joie de la mission ! Chacun de nous est acteur de la vie de l’Eglise au sein d’une communauté paroissiale, d’une communauté éducative dans un établissement scolaire, une équipe de mouvement ou au sein d’un Service diocésain… Et la mission, nous la portons de manière communautaire.

Une communauté chrétienne n’est pas seulement un « collectif » chargé d’animer une institution, mais bien une cellule de l’Église, corps du Christ. Et si nous voulons que notre paroisse, notre établissement scolaire, notre mouvement, notre service diocésain, notre famille, porte la Bonne Nouvelle du Salut, alors nous devons veiller à la qualité de notre vie communautaire. J’évoque dans la lettre pastorale le chapitre 2 des Actes des Apôtres qui, décrivant la première communauté chrétienne, nous donne les 5 éléments qui constituent une communauté d’Eglise et qui lui permettent de témoigner de la Bonne Nouvelle du Salut. Je rappelle ces 5 éléments qui sont largement développés dans la lettre pastorale : Une communauté de disciples-missionnaires est une communauté qui se réfère à la Tradition reçue des apôtres et qui est enracinée dans la Parole de Dieu, qui vit la fraternité et fait œuvre de charité, qui prie son Seigneur et se nourrit de sa vie dans les sacrements célébrés, qui va au-devant de ses frères et sœurs en humanité et accueille toutes celles et ceux qui demandent à la rejoindre. Je souhaite vraiment qu’en cette année 2023, chaque paroisse, service, mouvement, établissement scolaire, équipes et groupes divers, prennent le temps et les moyens de se remettre devant ces 5 critères missionnaires pour relire son action et déterminer ce qu’il faudrait faire évoluer, mettre en œuvre pour être toujours plus fidèle à l’appel du Christ à « porter la Bonne Nouvelle à toute créature ».  L’actualité complexe que nous traversons nécessite que nous soyons reliés à l’Esprit-Saint pour ouvrir avec lui de nouveaux chemins à l’annonce du Règne de Dieu. Le temps qui sera pris pour cela ne sera pas du temps perdu, il est la condition pour accueillir et mettre en œuvre les changements nécessaires.

3ème vœu : Puissions-nous en cette année 2023, nous mettre en ordre de marche pour la mission ! Ces 8 chantiers qui se mettront en route ces prochains jours grâce aux divers groupes de travail qui ont été constitués, ces temps de partage et d’échange autour de la lettre pastorale qui déjà ont commencé ici et là dans le diocèse, devraient permettre, je l’espère, comme une « mobilisation générale » pour la mission. Je ne peux ici que souhaiter à chacun de nous la force, le courage, la détermination pour rejoindre cette « rue des chantiers » dont la plaque orne la dernière page de la lettre pastorale ! Que l’Esprit-Saint ne nous manque pas pour bâtir cette Église missionnaire, et je ne peux, pour conclure ces vœux, que vous partager ces quelques lignes de la Lettre pastorale :

Une Église missionnaire est une Église qui se reconnaît faite de la chair du monde. Elle n’est pas l’humanité entière mais elle est humaine dans tous les sens du terme. Elle est faite d’hommes et de femmes qui participent à l’histoire de leur peuple, pas une élite, mais elle est représentative de la diversité sociale du moment, partageant les joies et les souffrances, les luttes et les solidarités de tous. Elle est cette portion d’humanité qui confesse que Dieu est intervenu dans l’histoire en Jésus son Fils mort et ressuscité, et qui demeure tendue vers le Royaume donné par le Christ, à bâtir jour après jour.

Elle est une Église faite d’hommes et de femmes animés par l’Esprit du Père et du Fils et vivant de lui. Ces hommes et ces femmes appellent Dieu « Père » et reçoivent de lui la mission de vivre dans l’unité et d’annoncer la Bonne Nouvelle de l’amour révélé en Jésus. Au cœur de l’histoire, ils annoncent le Royaume et le bâtissent. Ainsi, l’Eglise a conscience d’être ce corps du Christ présent dans les communautés particulières qui se rassemblent en son nom et qui, par leur communion, sont l’Eglise universelle répandue par toute la terre. Et c’est chacun des baptisés, membre de ce corps, qui sera signe de ce Royaume promis par le Christ et artisan de sa construction par le service de tous, surtout des plus pauvres, par le témoignage de sa foi en Jésus ressuscité, par la communion avec ses frères et sœurs chrétiens, par la prière et la célébration du Christ ressuscité, tout particulièrement dans les sacrements.

Belle et sainte année 2023 à chacun de vous et à nous tous ensemble ! Je vous remercie.

+ Laurent PERCEROU
Évêque de Nantes

[1] Pape Paul VI, Ecclesiam Suam, 66 et 67
[2] Pape Paul VI, Ecclesiam Suam, 83
[3] Pape François, Evangelii Gaudium, 266

 


Texte de la prière écrite par Benoît XVI qui a conclu la cérémonie des vœux :

Voici la Prière à la Sainte Face « Seigneur Jésus, montre-nous Ton visage de l’infinie Miséricorde de Dieu » du Pape Benoît XVI lors de sa visite chez les Capucins de Manopello le 1er septembre 2006. Le voile de Manoppello est une image de Jésus-Christ imprimée sur un voile de 17,5 × 24 cm. Cette relique d’origine inconnue est arrivée à Manoppello en 1506. Elle est conservée au sanctuaire de Manoppello (Pescara) dans les Abruzzes, à 90 km de Rome. Cette image aurait servi de modèle pour les représentations ultérieures de la Sainte Face.

« Seigneur Jésus, montre-nous Ton visage de l’infinie Miséricorde de Dieu » :

« Seigneur Jésus, nous T’en supplions, montre-nous Ton visage toujours nouveau : miroir mystérieux de l’infinie Miséricorde de Dieu ! Permets que nous puissions Le contempler avec les yeux de l’esprit et du cœur : Visage humain de Dieu entré dans l’histoire pour révéler les horizons de l’éternité ! Visage silencieux de Jésus souffrant et ressuscité qui transforme le cœur et la vie de ceux qui L’aiment et L’accueillent. C’est dans Tes yeux qui nous regardent pleins de tendresse et de pitié, que nous voulons puiser la force de l’amour et de la paix, celle qui nous conduira sur le chemin de Vie, mais aussi le courage de Te suivre sans crainte ni compromis, pour devenir témoins de Ton Évangile, les bras du pardon et de l’amour grands ouverts. Sainte Face du Christ : Lumière qui éclaire la nuit du doute et du deuil ! Vie qui une fois pour toutes a vaincu la puissance du mal et de la mort. Regard mystérieux qui ne cesse de se pencher sur les hommes et les peuples, visage voilé dans les signes de l’Eucharistie et les regards de nos frères, fais de nous des pèlerins de Dieu en ce monde, assoiffés d’infini, prêts à la rencontre du dernier jour, lorsque, Seigneur, nous Te verrons et face à face et pourrons Te contempler pour l’éternité dans la Gloire du Ciel. Ainsi soit-il. »