L'équipe de la pastorale de la SantéTous les ans à la même époque a lieu la journée diocésaine de la Pastorale de la Santé. Cette rencontre regroupe entre 500 et 600 bénévoles. C’est donc avec une certaine frustration que nous avons dû annuler cette journée tant attendue par tous. Cependant, l’inspiration d’une aumônière nous a encouragés à demander à Radio Fidélité, la possibilité de nous accorder un temps d’antenne en direct sur les ondes. Cela nous a permis de rejoindre les bénévoles de la santé mais aussi tous les auditeurs habituels de la Radio. Au programme : quelques témoignages de bénévoles sur ce temps de confinement que nous venons de vivre, puis nous avons écouté la messe célébrée en direct de l’église Saint Gohard en la paroisse de Saint-François-en-Saint-Nazaire, présidé par le Père Arnaud Lagagnier. En seconde partie nous avons médité un texte écrit par le Père Paul Houdayer, prêtre accompagnateur de notre l’équipe diocésaine. Vous trouverez ces témoignages et bien d’autres encore, et ce texte méditatif sur notre site internet. L’après-midi, nous avions donné rendez-vous aux responsables d’équipe pour une visioconférence. Ce fut l’occasion de recueillir durant presque deux heures les belles initiatives qui se sont mises en place pour accompagner autrement les personnes malades, âgées, porteuses d’un handicap. Nous avons également accueilli les réflexions et les interrogations des uns et des autres quant à l’avenir de nos missions dans les prochaines semaines.

L’équipe diocésaine de la Pastorale de la Santé

Introduction d’Anne Cronier, déléguée épiscopale à la santé

Pour toutes les personnes engagées dans une équipe, que ce soit avec la pastorale des personnes en situation de handicap, que ce soit dans une équipe du service évangélique des malades ou encore au sein d’une aumônerie en établissement de santé, cette journée diocésaine est un rendez-vous important pour vivre un temps de partage, de ressourcement, de prière. Vous êtes nombreux à y être fidèles. Quelle chance ce matin de se retrouver, à distance mais ensemble, de rejoindre ainsi les auditeurs de Fidélité, parmi lesquels se trouvent certainement des personnes que nous visitons habituellement.  

Pour chacun d’entre nous, le coronavirus est venu bousculer notre vie. Nous sommes dans la 3ème semaine de déconfinement, retrouvant un peu de liberté mais la crise sanitaire est toujours présente avec son lot de gestes barrières, de questions, d’incertitudes, de peurs parfois. Pour nous tous en pastorale santé nous savons que la route sera longue avant de pouvoir retrouver nos missions et reprendre en toute sécurité le chemin de nos visites et présence auprès des personnes qu’elles soient âgées, malades, en situation de handicap.

Pendant toutes ces semaines de confinement notre désir de relation s’est exprimé par de nouvelles formes de présence à l’autre, aux autres, à Dieu. Nous devons continuer encore aujourd’hui à conjuguer nos missions avec cette nouvelle expression « la distanciation sociale ». La nécessité de se protéger en protégeant les autres nous demande un réel effort pour aller au-delà de nos frustrations, pour accepter, comprendre et imaginer comment se faire proches en respectant les « gestes barrières ». Cela va tellement à l’encontre de ce à quoi nous sommes appelés dans nos missions pour rejoindre les personnes les plus fragiles, les plus isolées.

Alors que nous nous préparons à fêter dans quelques jours La Pentecôte, comme les disciples à l’Ascension nous accueillons la promesse faite par Jésus : promesse d’être à nos côtés chaque jour, promesse de son retour glorieux, promesse du don de l’Esprit Saint.

Cet Esprit Saint en nos cœurs nous donne force et audace :

  • pour oser poursuivre les réflexions commencées sur le sens profond de nos vies, 
  • pour continuer la mission dans le monde d’aujourd’hui sans pour autant faire comme avant.

Difficile d’échapper aujourd’hui à la réalité de notre vulnérabilité, tous nous y sommes confrontés. Et cette prise de conscience nous rapproche les uns des autres, mais est-ce pour autant que nous sommes égaux face aux conséquences de cette crise sanitaire ? Celle-ci bien au contraire vient révéler de façon encore plus criante les profondes inégalités qui traversent nos sociétés.

Il y a quelque chose de paradoxale, alors même que nous devons respecter la « distanciation sociale » nous prenons conscience de notre commune appartenance à l’humanité, et de notre responsabilité personnelle et collective pour préserver « la maison commune ».

Parmi vous auditeurs de la radio nous savons que certains souffrent de situations devenues très douloureuses voire inhumaines, en étant privés de relations, de contact. Nous sommes témoins parfois impuissants des difficultés liées au confinement des personnes vulnérables, personnes âgées dans les EHPAD, mais aussi les personnes, jeunes ou adultes en grande fragilité psychique, ou vivant avec un handicap physique, une maladie. Témoins impuissants mais pas muets, nous voulons apporter notre contribution et prendre part à cette réflexion sur nos valeurs et sur les principes éthiques fondamentaux.

Alors que le confinement est une solution nécessaire sur le plan sanitaire permettant aujourd’hui un déconfinement progressif, nous savons bien que ces conséquences sont dramatiques sur le plan social. Je me permets de citer le Dr Elisabeth Quignard, médecin gériatre, membre de l’espace de réflexion éthique du Grand-Est : “Même en période de crise, il importe de préserver l’essentiel : la dignité et les droits fondamentaux des personnes, en particulier sous l’angle de leurs besoins relationnels, au plan psychologique mais aussi affectif et spirituel. Cette maladie sournoise qui bouleverse notre présent, doit nous faire réfléchir dès maintenant à l’avenir que nous souhaitons vivre ensemble. »

Aujourd’hui nous sommes appelés à vivre dans la prudence, en se référant aux directives gouvernementales. Nous devons tenir compte de celles-ci et de leur mise en application locale. En lien avec les directions d’établissements c’est au cas par cas que nous pourrons savoir quand et comment reprendre les visites. Nous savons combien ces situations provoquent de la souffrance pour beaucoup d’entre vous, pour vos familles, pour les équipes soignantes. Nous espérons que les nouvelles décisions du gouvernement pour l’après 2 juin, compte tenu de la situation sanitaire, viendront améliorer vos conditions de vie. Soyez sur de notre soutien, nous continuerons à faire tout notre possible pour poursuivre ces merveilleux gestes de solidarité.

Témoignage de Louis-Marie Maudet en équipe ACO avec des personnes en situation de handicap

J’accompagne une équipe de 12 personnes en situation de handicap, dans le cadre de l’ACO, j’ai tenu à maintenir le contact avec chacun, dans cette période de confinement inédite, qui a surpris tout le monde et qui a contraint à changer nos habitudes et notre planning… Si certains, certaines sont dans l’équipe depuis 12 ans, d’autres le sont seulement depuis 2 ou 3 ans.

Les entreprises adaptées et les ESAT (établissements et Services d’Aide par le Travail) ont fermé leurs portes. Les foyers d’hébergement ont adopté des règles de confinement strictes, à la limite du supportable pour de nombreuses personnes, avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête, puisque les personnes fragiles, en situation de handicap, faisant face au quotidien à différents problèmes de santé, étaient particulièrement ciblées par ce virus qui semait la terreur.

Ma première action a été de rester en contact permanent avec chacun-e d’entre eux, et si possible de faire en sorte qu’ils restent en contact entre eux, par téléphone. Ce contact se doublait d’un courrier relatant ce que devenait chaque membre de l’équipe, pour rester souder les uns aux autres.

Huit d’entre eux avaient quitté leur logement individuel pour rejoindre leur famille, ce qui a évité l’isolement et a permis une meilleure gestion de cette période trouble. Occasion de faire de la cuisine en famille, de jouer à des jeux de société, ou de réaliser des puzzles … Quatre n’ont pas eu ce choix, et ont dû continuer à vivre seul, ou en foyer. L’important me semblait être de les aider à sortir d’eux-mêmes, pour penser aux autres dans des situations plus difficiles, et de les encourager à prendre des initiatives pour téléphoner à des membres de leur famille, ou à des amis. Plusieurs ont trouvé un rythme en suivant la messe célébrée à ND de Toutes Joies, chaque matin, sur YouTube. D’autres en restant branchés sur Radio Fidélité. L’un a considéré ce temps comme un temps de congés et de repos ; il en a même débranché ses appareils auditifs, ce qui ne le rendait plus joignable par téléphone, heureusement, sa sœur qui lui rendait visite chaque semaine pouvait me rassurer sur son état de santé.

Une autre, pour qui je faisais quelques courses chaque semaine, m’accueillait avec bonheur, et nous prenions quelques minutes pour prier ensemble avant de nous séparer.

J., le seul à continuer à travailler à temps partiel en milieu ordinaire, me demandait des conseils sur les consignes de sécurité à respecter dans l’entretien d’immeubles.

Plus difficile a été la vie de L. en foyer, cantonné dans un espace de 10 m², à longueur de journée : au bout d’une dizaine de jours, il a explosé, injuriant éducateurs et responsables, car il le supportait plus cette situation de « prisonnier » ! Chaque jour, je suis resté en contact avec lui pour l’aider à gérer au mieux cette situation. Son médecin lui a décelé quelques symptômes de coronavirus et lui a prescrit un test. Il a alors vécu un cauchemar pendant un jour et demi, en pleurs, sans pouvoir dormir, avec la peur de mourir. J’ai essayé de le consoler autant que j’ai pu à différentes reprises en l’aidant à occuper son esprit autrement et notamment en chantant, puisque c’est l’un de ses passe-temps ! Le test s’est révélé négatif, pour son plus grand soulagement. Heureusement, je n’ai pas été le seul à agir auprès de lui, jusqu’au jour où il a pris conscience que, ni lui, ni les autres n’étaient responsables de cette situation. Il a alors envoyé des lettres d’excuses, puis s’est remis à s’occuper de ses plantes sur son minuscule balcon. Ses relations avec les autres se sont peu à peu apaisées. Un éducateur l’a accompagné à trois reprises dans son petit jardin familial, où au contact de la nature, il a retrouvé son calme et sa joie de vivre. A la sortie du confinement, je l’ai aussi accompagné dans son jardin, où ensemble, nous avons planté quelques pieds de tomates et des fleurs. La lettre envoyée chaque quinzaine est bien perçue par les uns et les autres, ça leur rappelle qu’ils sont membres d’un collectif et ça les aide à sortir d’eux-mêmes, voire à prier les uns pour les autres.

Au bout de deux mois, le besoin de retrouver un rythme de travail, de contact avec les collègues, de visite auprès des proches, et pour certains de retrouver la communauté chrétienne en paroisse, se fait cruellement sentir. Plusieurs ont des difficultés à gérer leurs émotions, pleurent pour un rien, développent des angoisses … La reprise du travail, même à temps partiel, est un soulagement, malgré la difficulté à utiliser les transports en commun. Une certaine normalité les aide à retrouver leurs repères et un équilibre en redevenant un peu plus autonomes.

Dans l’accompagnement réalisé, j’ai senti la nécessité d’être bienveillant avec chacun, en étant plus à leur écoute, en prononçant des paroles d’apaisement (plusieurs ont vécu un deuil pendant cette période sans pouvoir assister à la célébration), d’encouragement pour rester actifs auprès des autres (famille, amis), et surtout en priant et en les incitant à prier les uns pour les autres, car la relation à Dieu et aux frères et sœurs est une vraie prière qui apaise.

Témoignage de Nadine Mauvoisin, membre de l’équipe du service évangélique des malades, à Vertou

La vie en EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) et en Foyer logement est difficile. Comme vous le savez, le personnel soignant est très sollicité, appelé dans chaque chambre où les personnes sont confinées. Le courrier qui leur a été adressé a mis du temps à parvenir aux résidents. Quelques personnes que j’ai pu joindre au téléphone m’ont confié :

« Je trouve les dessins très beaux » ; « Ils dessinent bien, les enfants ! » ; « J’ai accroché le dessin à mon tableau, à côté du menu et comme ça je le regarde chaque jour » ; « ça fait chaud au cœur ».

Actuellement les temps sont durs pour les personnes âgées, malades, loin de leur famille, sans visite. Et cela paraît long, quand les oreilles sont déficientes, quand on ne voit plus bien clair. Ces personnes ont eu des vies bien remplies, traversées bien souvent de drames, de souffrances mais aussi de grandes joies…. En cette période particulière, une lettre, un coup de fil, et nos aînés retrouvent vie ! Ils se réjouissent du moindre détail, d’une toute petite fantaisie qui égaie leur quotidien.

Quelle héroïque patience nos résidents déploient actuellement. Après 80 années de vie riche et mouvementée, leur courageuse aventure aujourd’hui c’est de se tenir dans une petite chambre en attendant les soins et le plateau repas, égayés pour certains par des contacts téléphoniques.

La Patience : rester là sans qu’il ne se passe rien. Quel beau chemin pendant cette Semaine Sainte et la montée vers Pâques. Avec souvent ce sentiment d’inutilité : « Le Bon Dieu m’a oublié, pourquoi il ne vient pas me chercher alors que des jeunes meurent ». Nous entendons leur demande, leurs interrogations et très souvent nous prions avec elles pour que le Seigneur les soutienne et entendent leurs prières. Nos aînés dans la Foi restent le monastère invisible qui nous accompagne par leurs prières silencieuses.

Merci les enfants pour vos dessins : ils sont le lien entre vous les enfants, votre famille, la paroisse et toutes ces personnes âgées dont la mission est de vous soutenir par la prière dans toutes vos aventures du quotidien.

Chers aînés, nous aussi nous avons besoin de patience : nous nous mettons à votre école. »

Témoignage d’Inès de Dreuzy, responsable d’une maison Simon de Cyrène à Nantes

Je suis Inès, j’ai 27 ans, je suis ergothérapeute de formation et je suis Responsable d’une Maison Simon de Cyrène à Nantes depuis Novembre 2018.

Simon de Cyrène

Simon de Cyrène a été fondé dans les années 90 par Philippe Pozzo di Borgo et Laurent de Cherisey. Son but est de développer des lieux de vie partagée entre des personnes handicapées cérébrolésées et des personnes valides. Il existe aujourd’hui 20 maisons partagées Simon de Cyrène en France, et une dizaine d’autres sont en construction actuellement.

A Nantes, 3 maisons partagées ont ouvert début 2019. Dans chaque Maison vivent 8 personnes en situation de handicap et 6 ou 7 personnes valides. Chacun des colocataires a son studio indépendant comprenant une cuisine et une salle de bain. Nous partageons aussi certains espaces : une cuisine, un salon /salle à manger et un jardin.

Les grands principes de la Vie Partagée dans les Maisons Simon de Cyrène

La vie partagée d’une Maison s’organise dans un esprit fraternel et familial. Chaque habitant prend sa part dans la vie de la maison, en fonction de ses possibilités. Les services sont organisés souvent en binôme, comme pour la préparation des repas, les courses, l’entretien de la maison et le jardinage.

Les assistants de vie ont une mission particulière pour aider les personnes en situation de handicap dans leurs actes essentiels comme se lever, se laver, manger… mais aussi une de leur grande mission est de stimuler la vie sociale de chacun à l’extérieur. Il est important que chaque habitant ait ses activités propres à l’extérieur, qu’il choisit en fonction de ses goûts et de ses possibilités.

Le soir, tout le monde se retrouve à la maison et raconte sa journée. La maison est un lieu de ressourcement et d’échange.

Dans une maisonnée Simon de Cyrène, nous aimons cultiver une vie simple et spontanée : Par exemple, une personne en situation de handicap et un assistant de vie peuvent décider ensemble d’aller boire un verre en ville, ou d’aller passer quelques jours au bord de la mer.

Comme l’indique son nom, la communauté Simon de Cyrène puise son énergie dans ses racines chrétiennes. La dimension spirituelle y est présente concrètement, avec un oratoire et des temps de prières communautaires pour celles et ceux qui le souhaitent. Le dimanche, quelques-uns d’entre nous allons à la messe ensemble.

Mais la dimension spirituelle ne s’arrête pas là. Elle est aussi proposée à tous, croyants ou non croyants et nous aimons résumer par cette formule : « La dimension spirituelle c’est de chercher ensemble un sens à notre vie ».

La vie d’une Maisonnée confinée, et déconfinée

Comme tous les français, le 17 Mars dernier, les colocataires Simon de Cyrène se sont confinés en maisonnée. Du jour au lendemain, il a fallu arrêter toutes les activités et sorties extérieures, pour instaurer un nouveau rythme de vie.

Le plus difficile a été de gérer le stress de quelques habitants, en situation de handicap ou valides, qui ont été très perturbés par la masse d’informations anxiogènes que nous recevions. Il a fallu aussi apprendre à vivre ensemble 24h / 24h, ce qui n’est pas toujours simple. Nous avons eu quelques alertes de personnes qui ont été isolées dans leur studio 15 jours et suivies par leurs médecins référents.

L’enjeu était d’appliquer les règles sanitaires recommandées tout en maintenant l’esprit convivial de la vie partagée.

Ce confinement a été l’occasion de vivre une Semaine Sainte tout à fait différente de l’année dernière : Ceux qui le souhaitaient ont bien entendu suivi les offices retransmis de la cathédrale. Mais il y a eu également des initiatives tout à fait inattendues : la participation de tous les habitants à la réalisation d’un Simon de Cyrène grandeur nature, l’organisation d’un chemin de croix dans le jardin, la méditation chaque jour, avec croyants et non croyant, d’un extrait de la parole de Dieu, une fête des lumières musicale dans le jardin le samedi soir et une journée festive de Pâques le dimanche.

Bref, paradoxalement, le fait d’être confiné nous a permis de vivre une semaine Sainte beaucoup plus ouverte, à tous les habitants des 3 maisonnées.

En conclusion : Comment je vis ma mission de Responsable de Maison

Ma mission de responsable de maison donne un sens à ma vie, décider d’unifier ma vie professionnelle et personnelle est un grand et beau défi au quotidien, en particulier pendant ce temps de confinement. Je suis témoin au quotidien de la bienveillance de chaque habitant et de leur envie de servir leur prochain, d’être utile. Un de mes colocataire âgé de 52 ans m’a dit il y a quelques jours : « J’ai trois familles : celle qui m’a donné naissance, ma famille du centre de Garches qui a participée à ma rééducation, et vous tous chez Simon de Cyrène. ». J’ai été très émue. Ce confinement nous a permis de fortifier nos relations fraternelles.

Témoignage de Sophie Guy, aumônière au CHU de Nantes sur le site de l’Hôtel-Dieu

Nous sommes quatre aumôniers en mission sur le site du CHU Hôtel-Dieu à Nantes en centre-ville. Je m’exprime ce matin en mon propre nom mais je me fais aussi un peu le porte-parole du ressenti d’autres aumôniers.

La mission d’une aumônerie en établissement de santé est d’être « une présence d’Église auprès des malades, de leurs familles et des personnels de l’hôpital ».

Pendant le confinement, il me semble que le mot présence a été mis à mal, y compris le mot Présence avec un P majuscule.

La présence humaine, incarnée, tout d’abord :

Nous, les aumôniers, avons été contraints de rester confinés à domicile, et d’intervenir auprès des patients uniquement pour les fins de vie et avec l’accord du cadre de santé. Cette directive fait que les familles ou les proches des malades n’ont pratiquement pas pu être présents, parfois même dans les derniers de la vie. De nombreuses familles ont dû vivre des funérailles en catimini. Des parents endeuillés par la perte d’un enfant, ont été privés d’une présence d’écoute, de la tendresse d’un soutien. Certains malades isolés socialement qui attendaient une présence fraternelle ou le soutien d’une prière ont dû subir l’arrêt brutal de notre présence à cause du confinement.

La Présence avec un grand P, celle de Dieu, bien sûr celle-là, elle ne peut pas être confinée. Pourtant cette présence a été mise à mal : le sacrement des malades n’a été donné à titre exceptionnel. Les aumôniers n’ont pas pu faire de visite fraternelle : et pourtant, le cœur de notre mission, c’est de témoigner de l’amour compatissant du Seigneur pour chacun.

La communion eucharistique a été suspendue : et pour les croyants, nous savons pourtant combien ce sacrement est source de réconfort, de force, de paix intérieure, quand la santé est fragilisée… Eh bien, ce secours précieux a été comme confisqué aux malades ; malgré tout, je crois que la présence de Dieu était bien réelle malgré les apparences.

Alors un aumônier confiné, il fait quoi ?

Il prie, il supplie, il se réjouit quand on l’appelle à se déplacer à l’hôpital, il rend grâce pour les soignants attentifs aux besoins spirituels ou religieux des malades, il refait ses forces en famille, il essaie de garder le lien avec l’équipe des bénévoles, il fait confiance pour l’avenir.

J’aimerais conclure par une prière :

Dieu notre Père, garde-nous dans la foi que, par des moyens que nous ne connaissons pas, Tu T’es donné aux malades et à tous ceux qui ont été éprouvés pendant ce temps de confinement. Garde-nous dans la foi que ta grâce a apporté soulagement aux corps, et aux âmes.

Seigneur Jésus, garde-nous dans l’espérance d’un partenariat fructueux avec les professionnels de santé pour honorer toujours mieux les besoins fondamentaux des personnes.

Esprit Saint, Esprit d’Amour, répands en nos cœurs tes dons pour que nous puissions aimer comme Toi, ceux auprès de qui Tu nous envoies.

Témoignage d’Anne-Emmanuelle Legavre, aumônière au CHU de Nantes sur le site de Laënnec

Il est des jours précieux, où l’on perçoit davantage l’importance des interactions entre les personnes, chacune au service du patient. Il est des jours, où un aumônier se réjouit de se sentir tout simplement à sa place.

En ce mardi, l’aumônière de la permanence téléphonique pour le CHU me signale la demande d’une famille et l’accord du cadre de santé d’un service covid pour venir voir un homme de 83 ans en fin de vie. Je me rends donc rapidement à l’hôpital Nord-Laënnec et monte dans ce service, croisant et saluant au passage le personnel technique, les lingères, le personnel d’entretien, tous bien mobilisés pendant cette période de pandémie.

Une infirmière vient m’ouvrir et se réjouit que je vienne voir une dame qui vient d’arriver d’un Ephad. Je lui explique que c’est un monsieur que je viens voir mais qu’en effet, la petite-fille de cette dame m’a appelée ce matin demandant à ce que l’aumônerie passe la voir. Je perçois beaucoup de bienveillance chez tous ces soignants. En attendant que des soins de confort soient terminés, j’échange avec deux élèves infirmières qui me disent s’être proposées pour travailler au CHU et assurent le ménage des chambres.

J’entre dans la chambre en tenue de protection. N’ayant pu rencontrer au préalable la famille, je ne sais rien de l’histoire de cet homme qui est en train de sombrer dans le coma. Je le salue et lui explique que ses proches ont souhaité que je vienne prier avec lui en cette heure. Je centre la prière sur une phrase de l’Evangile du jour et déroule une prière de recommandation à Dieu. Je termine par un refrain de confiance en Dieu que je répète. Je perçois alors sur le visage de cet homme au seuil de la mort un réel apaisement et n’ose plus m’arrêter.

Quand je sors de la chambre, l’infirmière qui m’a accueillie me signale que le médecin, par prudence, n’a pas donné son accord pour la visite de la dame de la chambre voisine et me demande si je peux apporter un chapelet. Un interne me confie alors son impuissance et son regret de ne pouvoir accueillir davantage les familles.

De retour dans le service, après avoir trouvé, un chapelet, je croise la famille de cet homme que j’ai accompagné dans la prière, venue apporter des vêtements. Suit une écoute dans le couloir où s’expriment de la douleur et de la colère. Ils me disent que l’enterrement sera célébré par un prêtre de leur paroisse que je connais par ailleurs. Je les encourage à reprendre avec lui cet événement si douloureux.

Ce jour-là, autour de ces deux patients qui m’avaient été signalés, j’ai croisé des soignants faisant, au mieux, avec les règles strictes de sécurité dues à la pandémie.

En passant dans la chapelle j’allumerai des bougies pour toutes ces personnes rencontrées, pour les patients et les familles confiés à la prière de l’Eglise.

Témoignage de Gisèle pour le groupe des "Petits Fragiles" paroisse Saint-Matthieu-sur-Loire

Le 16 novembre 2019 nous créons un groupe WhatsApp.  Quatre mois plus tard, on ne savait pas à quel point il nous servirait. Dès le 16 mars, le Pape, quelle que soit notre foi, nous invite à prendre un moment de recueillement, de méditation pour la santé du monde. Toute la planète est en prière. 

Puis premier échange avec celui de l’applaudissement du personnel hospitalier.  Je prends contact avec chaque membre du groupe. Très rapidement leur temps partiel choisi pour s’occuper de leur « Petit Fragile » ainsi que de leur famille n’est plus d’actualité. Leurs journées sont extrêmement chargées. Ils n’ont plus accès aux soins comme les kinés, orthophonistes, psychomotriciens, c’est ça qui leur manque le plus. Ils doivent les accompagner via des tutos envoyés, des conseils téléphoniques, regorger d’ingéniosité. Ils souhaitent à tout prix que leur « Petit Fragile » qui a bien progressé grâce à toute la mise en place des aides, ne régresse pas en ce temps de confinement ! Sur le groupe beaucoup d’humour circule : « Quand on est capable d’être à la fois maman, enseignante, prof de la maternelle au collège, orthophoniste, éducatrice et psychomotricienne dans la même journée, on est un peu magicienne ! »  Par contre aider les agriculteurs à ramasser des fraises devient impossible. 

Pour les plus grands, les dates d’examens changent, auront-ils lieu et dans quelles conditions ? Se servir d’un téléphone pour les cours en visio, c’est un outil difficile à maîtriser pour eux sans l’aide des parents. Ils sont tous devenus soignants. La difficulté d’envoyer des dossiers administratifs importants vient alourdir leur quotidien. 

Il y a eu aussi les anniversaires confinés pour Noémie et Emma. Ces moments plus intimes, on les partage avec des photos sur le groupe ça fait du bien de voir les sourires, cela nous garde dans la vraie vie.  A partir du 1er message audio de Gilles, très apprécié, le groupe trouve cela chaleureux et réconfortant, je transmettrai les messages du site de la paroisse, du diocèse, n’ayant pas le temps d’aller piocher eux-mêmes ces informations. Le 25 mars le groupe partage les photos des bougies mises pour l’Annonciation et le personnel soignant. 

Nous sommes tous reliés c’est très fort tout comme les messages pour Pâques : « Beau weekend de Pâques, certes pas comme d’habitude mais malgré tout avec beaucoup d’humanité. Durant cette période de confinement, vivre le moment présent n’a jamais été aussi important pour chacun de nous« .  Une personne du groupe a perdu son grand-père à Lille. Le groupe soutient beaucoup la famille, prie beaucoup pour eux ils nous disent : « Merci à vous tous ; c’est énorme de se sentir si bien soutenu par un groupe comme le nôtre » – « Merci pour tous vos messages, cela compte beaucoup pour nous. »  Forcément comme beaucoup l’ont exprimé pendant le confinement le deuil est très difficile à vivre. On ne peut pas partager sa peine avec ses proches, on ne peut pas participer aux adieux cela augmente la tristesse. Avec la distance ils ne peuvent se déplacer, ils ont peur pour ceux qui le feront. Mais on est là présents.

Le 1er avril, on est tous en bleu pour la journée mondiale de la sensibilisation à l’autisme ! Séance photo qui s’impose pour notre plus grand plaisir et notre joie de se voir par média interposé. Le 26 avril, on apprend la date du déconfinement, tout reste flou mais on comprend que le 11 mai ce sera la reprise des écoles. L’humour regorge de nouveau. Je reprends contact avec chaque membre du groupe. Je ressens l’inquiétude comme l’envie de retourner à son travail. Le télétravail manque d’âme, on est bien seul devant son ordi, parfois on doit faire face à des difficultés pour travailler sereinement. « Le virus sera toujours là en septembre on ne va pas arrêter de vivre pendant deux ans ». 

Le groupe se rappelle que même la joie doit être présente pendant la pandémie, comme le dit Jean-Michel Di-Falco. Une maman après avoir eu très peur au début, élevant sa fille seule, se sent finalement privilégiée, avec le chômage technique pendant un mois et demi d’avoir pu se reposer et de vivre une belle complicité avec sa fille, Claire, qui travaille en atelier protégé. Il ne sera pas question pour elle de reprendre l’atelier restauration rapide, elle travaillera donc en manutention. Mais elle est en attente de nouvelles.  Roselyne aussi est inquiète ; elle doit faire attention pour Jean-Claude, passer le moins de temps possible à l’extérieur, trouver de nouvelles occupations. Il a vu son médecin par téléconsultation ; pour Jean-Claude, le déconfinement ce sera pour plus tard, trop de risques contenu de sa fragilité alors qu’il aime tant faire les courses. On a aussi prié pour la Pologne et l’Espagne, deux familles ayant leurs proches dans ces pays.

Bien-sûr, nous mettons un terme à notre année, mais nous réaliserons une réunion en audio à la fin juin. Aujourd’hui chaque famille du groupe à un masque prêt pour affronter cette nouvelle vie temporaire. Le 10 mai aurait dû avoir lieu le baptême d’Aurore, la dernière-née dans une famille de notre groupe. Il sera forcément reporté mais ce dimanche là nous serons ensemble en prières.  Toujours dans l’Espérance nous avançons, Dieu marche à nos côtés, nous ne sommes pas seuls, nous sommes bien en lien aussi avec la paroisse grâce aux différentes moyens de communication. Avec le groupe des « Petite Fragiles » la solitude, l’isolement sont effacés grâce à cette fraternité renforcée au fil du temps.

Témoignage de Maryannick Pavageau

Maryannick Pavageau, Chevalier à la Légion d’Honneur, Commandeur Ordre national du Mérite, Déléguée ouest A.L.I.S.  et  M.A.A.F.

Confinée, je le suis comme tout le monde.

Confinée, dans mon propre corps je le suis depuis 36 ans, n’ayant que peu de mouvements, parlant avec difficulté comme quelques centaines de personnes LIS en France, ayant constamment besoin d’assistance ne serait-ce que pour chasser une mouche

C’est l’occasion pour moi  qui suit toujours en position de dire  « s’il te plaît » «  merci ». 

De dire Merci à  ceux qui m’ont prise en charge depuis le début, les professeurs, celui qui restait pendant de longues minutes immobile, dubitatif, devant mon lit. je ne le voyais pas mais je sentais sa présence, les médecins, les infirmières, les aides-soignants qui se réfugiaient dans ma chambre pour une crise de fou-rire, les kinés, les ergos, les malades ….. 31 mois d’hôpital  vous font voir la vie autrement.

De dire Merci à ceux qui m’ont  accompagnée, à ceux qui m’accompagnent aujourd’hui, les exigences restent les mêmes, le réseau social s’est élargi a pris des formes insoupçonnées, mais la détermination des uns et des autres reste  la même.

Je souhaite du courage à tous les intervenants, du professionnalisme, de l’humanité. 

S’il te plaît, garde vivantes les motivations qui t’ont poussé à embrasser une carrière généreuse, que la sédation ne soit pas une solution facile, que les demandes d’euthanasie soient vues comme des appels au secours face à la peur et auxquelles il faut répondre avec un regain d’affection et de chaleur humaine, que ta fatigue ne t’ amène pas à prendre des décisions définitives, comme cette surveillante qui profitant d’un long week-end m’a débranchée en avril 1984, sans doute mon désir de vivre a-t-il été plus fort que sa compassion

Dernièrement l’un des professeurs qui m’a prise en charge au début de mon handicap m’a dit : « Maryannick, notre souci n’était pas de te guérir mais de t’empêcher de mourir 

Ma vie est ce qu’elle est, mais c’est ma vie.

Toute vie mérite d’être vécue

Maryannick Pavageau,
Rezé le 2 avril 2020

Méditation du Père Paul Houdayer, accompagnateur de l’équipe diocésaine de la Pastorale de la Santé.

Lettre écrite le vendredi 24 avril 2020, adressée aux équipes SEM des EHPAD de sa paroisse et aux membres de l’aumônerie de « Roz Arvor »

Laissez-moi vous confier ce qui m’a traversé l’esprit, ce matin, en ce temps du confinement où la vie semble comme suspendue : en esprit, je me suis projeté en avant, et c’était comme pour anticiper de quelques mois, quelques années peut-être, l’heure où j’aurai cessé toute activité au service de ce diocèse ! Un instant, je me suis imaginé en retraite, entrant au Bon Pasteur qui est notre E.H.P.A.D., à nous, prêtres de ce diocèse… Pas bien réjouissant, tout cela, mais je me suis rappelé les propos très forts du Père James lorsque la dernière nomination qu’il confiait à ses prêtres était celle de leur entrée au Bon Pasteur : leur place dans la mission serait très discrète, mais tellement centrale puisqu’il leur confiait la charge de la prière pour tous au sein de ce diocèse !   Et là, sans attendre que sonne l’heure de la retraite, j’ai pensé qu’il me revenait déjà de me situer, à cette étape du confinement, dans ma vie de ministre ordonné !

Un mois déjà qu’est arrivé jusqu’à moi ce temps du confinement, et j’en viens à observer ce qui, insensiblement, opère en moi comme une certaine décantation… et – qui sait ? – peut-être en vous aussi, sans avoir pour autant traversé la huitième dizaine de votre vie !

Et pour moi aujourd’hui, quelle décantation s’opère ?
Dans quelle perspective je me situe ?
Dans la prière, je peux demander cela au Seigneur.

Seul, le matin, devant la table de mon appartement, face aux immeubles du quartier nantais où j’ai choisi de vivre, je m’efforce de réapprendre le chemin du corps pour rejoindre le Christ dans la prière, d’en faire mon allié pour aller à la rencontre de notre unique Seigneur.

Cette journée venue jusqu’à moi, je la vis, depuis un an déjà, par ce que j’appelle mon « heure-présence » : présence à moi qui suis vivant, présence à ce monde qui me côtoie et aux visages dont je réveille ainsi le souvenir, présence au Seigneur qui ne cesse de chercher à me révéler sa présence de Ressuscité !

Et puis, je me fais le cadeau de quelques minutes à relire les notes grapillées la veille, les jours précédents… questions, moments d’émerveillement, douleurs partagées, chemins de rencontre qui m’ont été donnés, là aussi !

Réapprendre le chemin du corps pour rejoindre le Christ dans la prière
Mon « heure-présence » : à moi, à ce monde, au Seigneur, présence du RessuscitéR
Relire les moments, les rencontres

Vient alors l’heure si discrète de célébrer l’Eucharistie : c’est éprouvant, parfois, de célébrer seul, mais n’est-ce pas pour autant le cœur de ce qui devrait être, pour le prêtre que je suis, la prière d’intercession pour ce monde que Dieu aime de toute éternité, dont il me confie la garde d’une parcelle bien vivante ?            

Et je mesure, ces semaines-ci, quand je prononce seul les mots venus du Seigneur, que je ne prie pas pour moi, de mon initiative d’homme, mais porteur de la foi de son Eglise qui vient s’adresser à Son Père qui est aussi Notre Père !

Tenez encore, dans l’office de ce jour, le Bréviaire de mes jeunes années, je relève le verset de Saint Jean qui situe le geste solitaire de la communion dans le tissu vivant de toute l’Eglise :

« Il y a un seul pain, et nous sommes tous un seul corps

Car nous avons tous part à un seul pain !

Et voilà une bien belle manière de dire que le prêtre ne communie pas pour sa sanctification personnelle, mais pour qu’advienne le corps réel du Ressuscité présent à notre monde !

Et puis, pour moi comme pour vous, peut-être, réapprendre sans cesse à faire de la prière la quête d’un vrai dialogue : nous adressant à Dieu, passer de la troisième personne ( Dieu, Il… ) à la seconde personne : lui dire vraiment TU, le Tu de l’enfant à ceux qui lui ont fait cadeau de la vie !

Voilà ce que nous avons, toute une vie, pour apprendre à l’exprimer du fond de notre cœur.

Voilà ce chemin de vérité où l’Esprit tente, jour après jour, de rejoindre chacune, chacun d’entre nous !

Et moi, et vous,
pour faire de la prière la quête d’un vrai dialogue,
quel mot j’utilise : Père, Seigneur, Mon bien aimé, mon Sauveur, Jésus

Voilà, j’ai voulu m’arrêter un moment auprès de vous, et ce peut être, je l’espère, pour vous offrir en retour la joie de trouver en vos journées ce que j’ai tenté de dessiner ici dans mon « heure présence ». Dites, ce confinement, pourquoi ne pas y puiser une certaine sagesse de vivre en chrétien ?  Habituellement le temps court si vite, et nous nous y laissons entraîner : si souvent ça se précipite, ça se bouscule, et ça s’efface parfois bien trop vite !  Que restera-t-il de ma vie d’homme, de femme, si je ne retiens pas ces jours-ci la chance de saisir et de vivre le temps qu’il m’est donné de vivre ?  S’arrêter pour soupeser le poids véritable de mon existence, c’est à ma portée, bien sûr, même si c’est souvent difficile de prendre le temps, d’arrêter le temps ! Et choisir de m’y risquer, cela voudra dire, bien entendu, mettre à cela une priorité, refuser autre chose, cueillir l’actualité en nourriture, renouer avec tel frère oublié, trouver encore et encore en ma vie le chemin des Béatitudes !

Que restera-t-il de ma vie d’homme, de femme
si je ne prends pas le temps de soupeser le poids de mon existence ?