(©photo : « Syméon et Anne avec l’enfant Jésus » par Jan van ‘t Hoff, 21e siècle, Dordrechtl, Pays-Bas)
Le 2 février, fête de la Présentation de Jésus au Temple, nous portons dans la prière la Vie Consacrée. Avec nos sœurs et frères consacrés, nous nous rappelons que seuls les femmes et les hommes disponibles à l’Esprit Saint, abandonnés à Lui, ont la force des prophètes !
Contemplons dans l’Évangile de cette fête Syméon et la prophétesse Anne qui accueillent en Jésus la « Lumière des nations ». Ils sont des veilleurs, des êtres d’intériorité, totalement tournés vers l’Esprit. Il nous est dit de Syméon qu’il attend la consolation d’Israël et que l’Esprit Saint était sur lui. Anne, quant à elle, est retirée au temple et sert Dieu dans le jeûne et la prière. pourtant ce furent eux que le Seigneur envoya à la rencontre du Messie et ils furent les premiers à proclamer que Jésus était le Salut de Dieu.
Là réside sans doute la place incontournable de nos frères et sœurs consacrés dans l’Église. Tout particulièrement celle des communautés contemplatives et monastiques qui sont comme l’âme de l’apostolat de l’Église, et nous pouvons penser plus particulièrement à nos sœurs carmélites, visitandines, clarisses… Une moniale, mystérieusement, reçoit dans ses bras le Christ, comme Syméon. C’est une belle image pour signifier qu’elle fait le choix de demeurer avec Lui dans la discrétion et le retrait du monde. Et ce retrait n’est pas une fuite dans un refuge préservé des détresses et des luttes qui agitent notre société. Ce retrait, il est pour rencontrer le Christ, le voir, le toucher et se tourner vers le Père pour lui chanter « Mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. »
Nos frères et sœurs consacrés dans la vie religieuse monastique ou apostolique, dans le célibat consacré, dans l’Ordre des Vierges consacrées ou au sein d’un institut séculier, sont configurés, d’une certaine manière, à Syméon. Comme lui ils sont appelés à être des « justes » devant Dieu, c’est à dire à être « ajustés » le plus possible à sa douce volonté et à contribuer ainsi, mystérieusement, à l’ajustement de toute l’Église à la volonté du Seigneur. Ils sont appelés à être « fervents », c’est-à-dire ouverts à la Miséricorde de Dieu sur leurs vies et à implorer cette Miséricorde pour son Église et pour ce monde dans lequel il a pris chair. Ils sont appelés à être des « veilleurs » du Seigneur qui vient, c’est-à-dire à être habités par ce désir permanent de le trouver, lui, le compagnon fidèle et sûr, à leurs côtés car là est le véritable abandon qui permet de dire avec Syméon : « Maintenant, Ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix selon ta Parole. » Et cette mission de « veilleur », ils l’ont également pour l’Église. Ils intercèdent auprès du Seigneur pour elle afin qu’il la guide et la mène à bon port, et pour l’océan du monde, afin que se calment les tempêtes et que brille sur lui le beau soleil de Dieu.
Mais cet appel à être « juste », « fervent » et « veilleur » du Seigneur qui vient, il nous
rejoint tous. Nous autres, comme l’écrivait Madeleine Delbrêl, nous sommes dans une vie séculière, nous sommes de ces missionnaires appelés à incarner l’Évangile dans le quotidien du monde : « Croire assez que Dieu existe, qu’il soit le Dieu vrai et vivant et aimant pour lui donner notre vie, doit entraîner pour un minimum de logique, le besoin de nous taire pour l’écouter, de nous recueillir pour le chercher, de nous conformer en intention ou en acte à ce qu’il a prescrit pour l’adorer. »Belle fête à tous les consacrés de notre diocèse !
Mgr Laurent PERCEROU
Évêque de Nantes
paru dans ELA n° 144 – Février 2024