Photo Vincent Gautier

Le mercredi 17 février, nous entrons en Carême. Quarante jours qui nous sont donnés par l’Eglise pour nous préparer à Pâques, pour laisser Dieu poser sur nous un regard d’amour. Aussi, en ce carême, je vous invite à avoir faim : faim de Dieu, faim d’amour fraternel. Il s’agit de faire toute la place en nos vies à ce Dieu qui n’est que miséricorde.

Laissons creuser en nous la faim de Dieu, et la prière pourra assouvir cette faim. C’est dans la prière que nous nous approchons de Dieu, que nous osons entrer en relation avec lui, ou plutôt que Lui-même demande à entrer en relation avec nous. Encore faut-il prendre le temps de l’écouter dans sa Parole, de le contempler, de savourer le silence. C’est dans la prière que nous percevons le véritable visage de Dieu et notre propre visage d’homme ou de femme. Alors prier, c’est la prière communautaire, la messe dominicale et c’est aussi la prière personnelle : offrir à Dieu un peu de notre temps, ce moment où je lui confie ce qui fait ma vie, durant lequel je me mets à son écoute. Un des sommets de ce temps où nous laissons se creuser en nous la faim de Dieu est la célébration du sacrement du pardon, car prendre le temps d’écouter le Seigneur, c’est mesurer l’écart qui existe entre ma vie marquée par le péché et l’horizon d’amour que le Seigneur me propose. Il n’y a pas de plus grande joie que d’entendre le Seigneur me dire qu’il accueille mon péché, qu’il me pardonne et me relève dans la confiance renouvelée.

Laissons creuser en nous la faim de l’amour fraternel, et le partage pourra assouvir cette faim. En ce temps d’épreuve marqué par la pandémie, nos frères et sœurs crient famine. Il y a bien sûr ces populations bien loin de nous par la distance géographique et puis nos frères et sœurs qui sont là, tout proche. Ils sont nombreux à crier justice parce qu’ils sont empêchés de vivre debout, manquant du minimum pour vivre, n’étant pas respectés dans leur droit à vivre libres… Ils ont faim de pain mais aussi de sens à leur vie. Combien de jeunes, d’adultes sont perdus parce qu’ils ne savent plus ni d’où ils viennent ni où ils vont. Rencontreront-ils, à travers nous, durant ce temps de carême, des frères et sœurs dans le Christ qui oseront dire leur espérance, leurs joies de vivre, parler du Christ qui les fait vivre ?

Laissons l’Esprit du Christ nous envahir, laissons-le creuser en nous une place pour Dieu. Et le jeûne pourra nous y aider. Mais le jeûne, qu’est-ce donc ? Pour que l’homme se réalise pleinement, il a besoin de développer les trois dimensions de son existence : la dimension verticale qui le relie à Dieu, Père de Jésus Christ, et notre Père ; la dimension horizontale qui le relie à ses frères et sœurs en humanité ; la dimension intérieure qui en fait un être spirituel, c’est-à-dire non pas seulement un être qui consomme mais un être vraiment libre, capable de penser par lui-même, de faire des choix et des bons choix, capable de découvrir que sa vie est un don, un cadeau, et que ce cadeau vient de Dieu.

Ferons-nous, durant ce carême 2021, l’expérience de la liberté en abandonnant volontairement ce qui nous paralyse et nous enferme ? C’est cela le jeûne. Ainsi, en abandonnant le superflu, nous serons plus disponibles à Dieu et à nos frères et sœurs. Tel est le véritable sens du jeûne : si nous jeûnons pour être des hommes et des femmes libres, debouts et disponibles, notre visage sera pleinement humain.

Votre paroisse, le diocèse, tel ou tel mouvement vous donnent les moyens pour rendre fructueux ce temps de carême, afin que vous arriviez à Pâques avec un cœur renouvelé, ne vous en privez pas !

Heureux, joyeux carême à chacun de vous !

Mgr Laurent PERCEROU
Évêque de Nantes
17 février 2021