En la fête de la Toussaint, Jésus nous donne les 9 clés de la sainteté, les 9 clés du bonheur : « Heureux êtes-vous ! » Le saint est d’abord et avant tout quelqu’un d’heureux. Mais ce bonheur, ce vrai bonheur, où le trouver ?
Le bonheur se découvre dans l’expérience du don de soi, en fidélité au Christ qui a donné sa vie le premier, lorsque nous restons fidèles, fidèles à ce qui nous tient à cœur et que nous utilisons nos talents pour construire, pour bâtir humblement, là où nous sommes, un petit bout de monde plus juste, plus vrai, plus beau… C’est ainsi que le Royaume de Dieu se bâtit. Et si c’était cela, être un saint ? Rien d’extraordinaire, rien qui ne justifie une statue dans les églises, mais une vie qui est comme un maillon contribuant à construire la grande chaîne d’amour que le Christ a commencé à forger lorsqu’il est venu vivre parmi nous la tendresse du Père.
Le jour de la Toussaint, nous faisons mémoire de cette foule immense dont nous parle le Livre de l’Apocalypse, constituée de ces hommes et de ces femmes connus et inconnus qui sont les maillons de cette grande chaîne et, en les fêtant, nous nous rappelons que nous sommes liés à eux, solidairement. Comme eux l’ont cherché, nous cherchons le bonheur, un bonheur à trouver dans le service de nos frères, de ceux qui nous sont confiés et dans l’abandon docile à la volonté de Dieu. Solidaires parce que, comme eux, nous désirons contribuer à la croissance d’une terre rayonnante de l’amour de Dieu… Ils ont rejoint le Père et se tiennent debout devant Lui, contemplant sa face et d’auprès de lui, ils veillent sur nous, ils prient pour nous, c’est cela que nous appelons la communion des saints !
Cette foule, le Christ aujourd’hui nous promet que nous la rejoindrons. Jésus ne parle pas au conditionnel : « Si vous faites ceci ou cela, vous la rejoindrez peut-être », non… Ils obtiendront la terre promise, ils seront consolés, ils seront rassasiés, ils obtiendront miséricorde, ils verront Dieu, ils seront appelés fils de Dieu… Et cette espérance, nous pouvons déjà en voir la réalisation dans ce que nous vivons, au milieu de nos vies, de notre monde, parfois, hélas, traversés par les épreuves et les coups durs : quand nous voyons apparaître la paix, quand le pardon devient possible, quand notre bonne vieille terre parfois si dure pour les hommes qui y vivent laisse apparaître un peu plus de justice et de fraternité et qu’elle commence alors à ressembler à cette terre promise par Dieu sur laquelle il n’y aura plus ni larmes, ni deuils !
Alors la fête de la Toussaint n’est pas un jour de tristesse, un jour où nous pleurons nos morts mais un jour de fête. Ceux que nous aimons sont avec nous dans cette grande chaîne de l’amour de Dieu constituée de tous nos frères et sœurs d’hier et d’aujourd’hui. À la Toussaint, nous allons traditionnellement sur les tombes familiales : que ce pèlerinage ne soit pas empreint de tristesse. Si la vie de vos défunts a apporté bonheur, paix et justice, s’ils ont cherché à réaliser le programme des Béatitudes, alors ils sont dans cette communion des saints à laquelle nous sommes appelés et les chrysanthèmes multicolores doivent être le signe de notre joie et de notre espérance.

Mgr Laurent PERCEROU
Évêque de Nantes
paru dans ELA n° 108 – novembre 2020