Encore un livre sur le ‘Notre Père’, sourit Gianfranco Tuveri, carme au couvent de Notre-Dame-des-Lumières, à Nantes. Nous connaissons maintenant sa plume originale, distanciée. Editeur et traducteur d’ouvrages de mystique carmélitaine, c’est ici une écriture simple, au service d’un regard poétique et imagé qui entraîne le plus érudit comme le plus simple lecteur. Car c’est bien sa visée, reprendre la « prière toute simple et facile, la prière de tout le monde, la prière universelle, transmise par le Fils lui-même. »

« Les moines, rappelle-t-il, sous différentes règles de vie, récitaient selon leur degré d’instruction, jusqu’à 50 Pater Noster par jour ! C’était une invitation à prier, non une fois seulement, mais dans la répétition, à savourer la richesse du verbe et, sans se lasser, à répéter ces merveilleuses paroles. Le Concile Vatican II a eu le mérite de remettre le Notre Père au cœur des 2h fondamentales : Laudes et Vêpres.

Le Notre Père est le fondement de la prière chrétienne ; le méditer, c’est mettre le Père au cœur de notre vie…C’est suivre Jésus…Se rendre dociles à l’Esprit pour être transformés par Lui. »

Et l’auteur de rappeler comment Moïse changea d’apparence lors du face-à-face sur le Sinaï…

Il ne savait pas que la peau de son visage rayonnait parce qu’il avait parlé avec Dieu. Mais les israélites le virent « et avaient peur de l’approcher » (Ex 34).

« Pour bronzer, il ne faut rien faire de spécial…Il suffit de s’exposer au soleil. Prier le Notre Père, c’est un peu cela » poursuit l’auteur, qui prolonge la comparaison : « on ne bronze pas en s’exposant au soleil une seule fois…On a besoin de temps…Il en va un peu de même pour la prière… »

Le ton est donné : « Contempler Jésus qui prie, c’est contempler un dialogue trinitaire. Avec Jésus, la relation humaine à Dieu change, elle devient relation au Père et à l’Esprit. Notre prière devient vraiment chrétienne lorsqu’elle n’est plus notre prière, mais la prière de l’Esprit du Christ, à laquelle nous unissons notre cœur, notre voix. Un itinéraire qui nous mène à la transfiguration », conclut Gianfranco en mettant en scène Dieu, sous la plume de Charles Péguy, dans le Mystère des Saints Innocents.

« Je suis leur père, dit Dieu. Mon Fils le leur a dit… Et je vois les prières s’avancer, telle une flotte… La flotte des Pater, solide et plus innombrable que les étoiles du ciel… Et derrière une flotte aux blanches voiles…L’innombrables flotte des Ave Maria… »

En cette période de l’Avent, c’est une sorte d’exercices que l’auteur propose pour nous relancer dans la rumination et la contemplation, tel un fruit qu’il nous livre, à l’aune de sa propre méditation.

Isabelle Nagard

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