Jeudi 8 avril 2021, l’Assemblée Nationale débattait du projet de loi de Monsieur le député Olivier FALORNI visant à légaliser « l’aide active à mourir ».

Celle-ci a été débattue alors que notre pays est confronté à l’épreuve d’une pandémie qui bouleverse tout le corps social : Combien sont-ils à s’inquiéter pour un de leurs proches en réanimation à l’hôpital, à pleurer la perte d’un être cher ? Je voudrais aussi évoquer les soignants qui s’engagent en ces jours pour soulager et sauver des vies. Je partage l’inquiétude de ceux qui souffrent des conséquences économiques et sociales de la pandémie, de ces enfants et de ces jeunes dont l’équilibre psychologique est fragilisé…

Alors est-il normal que cette proposition de loi, qui touche au respect de toute vie humaine et porte atteinte à l’interdit fondamental « tu ne tueras pas », soit débattue maintenant, dans un tel contexte, et presqu’en catimini, à l’occasion d’une « niche parlementaire » ? Je ne le crois pas. En ce temps d’épreuve où nous nous battons tous pour vivre mieux au prix de bien des sacrifices, je trouve particulièrement triste et même indécent que des parlementaires aient présenté un projet dont le but est « d’aider activement à mourir ». Ils sont en charge du Bien commun, n’auraient-ils pas dû s’incliner devant la souffrance de leurs concitoyens en posant un signe d’espérance en la vie ?

Vous trouverez ci-après la déclaration des évêques du 22 mars 2018 intitulée « fin de vie : oui à l’urgence de la fraternité ». Elle vous donnera des éléments de réflexion utiles en ces temps de confusion. Surtout elle nous rappellera cet essentiel de la fraternité qui est au cœur de la dernière encyclique du pape François « Fratelli Tutti » : « Face aux troubles et aux doutes de notre société, comme le recommande Jürgen Habermas, nous offrons le récit du « bon Samaritain » qui prend en charge « l’homme à demi-mort », le conduit dans une « auberge » hospitalière et exerce la solidarité face à la « dépense » qu’occasionnent ses « soins ». À la lumière de ce récit, nous appelons nos concitoyens et nos parlementaires à un sursaut de conscience pour que s’édifie toujours plus en France une société fraternelle où nous prendrons individuellement et collectivement soin les uns des autres. Cette fraternité inspira l’ambition de notre système solidaire de santé au sortir de la Seconde guerre mondiale. Que ferons-nous de cette ambition ? La fraternité relève d’une décision et d’une urgence politiques que nous appelons de nos vœux. »[1]

+ Laurent PERCEROU
Evêque de Nantes

[1] « fin de vie, l’urgence de la fraternité », les évêques de France, 22 mars 2018

210406 LC 12 bis 02 - Mgr d'Ornellas - Fin de vie - Déclaration des évêques de France 2018