On nous parle du « jour d’après », d’après le 11 mai, d’après le confinement, d’après la pandémie, en disant que rien ne sera plus jamais comme avant, mais sans bien savoir ce que cela veut dire.
Le jour d’après sera ce que nous voulons qu’il soit.

Dès le début de cette crise sanitaire, des choix ont été faits par les États et les gouvernements, et ont été acceptés bon gré mal gré par les populations, en fonction de ce qui semblait prioritaire : la santé, la protection des plus fragiles, le souci de l’intérêt général. On nous a invités à ne sortir que pour des choses essentielles : l’alimentation, l’hygiène corporelle et le soutien aux personnes vulnérables – et encore n’est-ce qu’à titre dérogatoire. Tout le reste a été mis sous le boisseau : la vie sociale, la vie culturelle, l’école, l’expression religieuse de la foi, et jusqu’à l’économie elle-même.

Mais dans ce confinement, d’autres valeurs essentielles apparaissent. Des trésors de solidarité se révèlent pour faire les courses des voisins, pour fabriquer des masques ou des respirateurs ; le bénévolat apparaît comme un rouage essentiel de la société. Les professionnels du monde médical prennent soin des malades non seulement par le geste technique, mais aussi par leur proximité humaine, comme en témoignent ceux qui sont passés par l’hôpital. On apprend à remercier ceux qu’habituellement on ne voit pas, hôtesses de caisses, agents de répurgation ou facteurs. Une forme d’humanité se réveille en nous et autour de nous. Et les croyants éprouvent le ressourcement de la foi dans la vie sacramentelle et dans son expression communautaire comme d’autant plus précieux pour traverser l’épreuve.

Que retiendrons-nous de tout ceci ? Le jour d’après sera-t-il comme le jour d’avant ? On pourrait vouloir que demeurent prioritaires des valeurs que nous avions pu laisser passer au second plan et que nous redécouvrons. On pourrait aussi s’engager pour cela.

Mais le « jour d’après », nous l’avons célébré il y a quelques semaines ! Depuis que Dieu a sorti son Fils de la mort, plus rien n’est comme avant : la peur s’est changée en confiance, la haine en amour, la solitude en fraternité, la crainte en foi. Nous sommes l’Église du jour d’après, et nous avons la mission d’annoncer au monde à quoi il pourrait ressembler s’il choisissait de s’ouvrir à la vie offerte par Dieu, et de servir la vie avant tout. L’Esprit-Saint saura nous donner l’imagination nécessaire pour en témoigner, quelles que soient les mesures de confinement en vigueur.

« Christ est déconfiné », m’écrivait un ami.
Alléluia !

Père François Renaud
Administrateur diocésain