©photo : Giotto, « le Don du manteau »

Alors que commence une année nouvelle et que des défis importants se pré­sentent devant nous, je voudrais vous lancer un appel : faire de cette année 2024, une année de l’engagement évangélique.

L’engagement est « l’attitude d’une personne qui se voue entièrement à une cause » et c’est préci­sément la cause de l’Évangile que nous sommes appelés à servir toujours davantage. L’Évangile au sens de la « Bonne Nouvelle » du kérygme que le pape François définit ainsi : « Jésus-Christ t’aime, il a donné sa vie pour te sauver, et main­tenant il est vivant à tes côtés chaque jour pour t’éclairer, pour te fortifier, pour te libérer. »1 Il sou­ligne que cette annonce est première et princi­pale et que nous devons l’annoncer à temps et à contre-temps.

Alors, en 2024, j’appelle à l’engagement évangélique pour une Église diocésaine au­dacieuse ! « Priez le maître de la moisson d’en­voyer des ouvriers pour la moisson… » Il appelle sans doute des semeurs, mais il attend égale­ment des moissonneurs car l’Esprit-Saint nous précède et fait germer la graine. En sommes-nous persuadés ? Et si la mission consistait, d’abord, à cueillir les fruits de l’Esprit, à repérer ses germes, à en prendre soin, pour qu’ils mû­rissent et s’épanouissent ? Nous voilà donc invi­tés à nous engager afin que les cœurs de nos contemporains s’ouvrent à cette formidable an­nonce d’un Sauveur donnant sa vie par amour, vivant à jamais à nos côtés.

Belle moisson que les fruits du travail de nom­breux diocésains qui, tout au long de l’année passée, ont participé aux huit chantiers d’avenir pour notre diocèse2. Leurs réflexions nourriront les orientations diocésaines que je présenterai le 4 février prochain à l’église Sainte-Thérèse à Nantes. Elles n’auront qu’un seul objectif : an­noncer cette Bonne Nouvelle, ce Kérygme, de manière renouvelée. Il s’agit d’accueillir les défis nouveaux que nous lance notre société et qui nous obligent à revoir nos dispositifs mission­naires, tout en prenant en compte courageuse­ment les pauvretés et les limites de notre Église qui nous provoquent à davantage de sobriété, d’inventivité, de vie fraternelle et de simplicité.

En 2024, j’appelle à l’engagement évangélique pour une terre de fraternité : « “Fratelli tutti”, écrivait saint François d’Assise, en s’adressant à tous ses frères et sœurs, pour leur proposer un mode de vie au goût de l’Évangile (…) En quelques mots simples, il exprime l’essentiel d’une fraterni­té ouverte qui permet de reconnaître, de valoriser et d’aimer chaque personne indépendamment de la proximité physique, peu importe où elle est née, où elle habite. »3

C’est au nom de cette fraternité que nous de­vons nous alarmer de cette prétention à vouloir disposer de la vie d’autrui que ce soit à son com­mencement ou à son terme, comme si nous en étions les maîtres, alors qu’elle est un don inesti­mable et que l’objectif d’une société qui se pré­tend fraternelle serait de la protéger et de tout faire pour qu’elle soit respectée dans sa dignité.

C’est au nom de cette fraternité que nous de­vons nous alarmer de la montée de l’intolérance, de la violence et de ces voix trop nombreuses qui nous invitent à refuser le frère, la sœur en humanité parce qu’ils viennent d’ailleurs, parce qu’ils sont d’une autre culture, d’un autre milieu…

C’est au nom de cette fraternité que nous ne devons pas nous habituer à la montée des populismes, à tous ces conflits entre états qui ressurgissent en Ukraine, au Proche-Orient, au Haut-Karabagh et en Arménie, aux violences inter-ethniques en Afrique, au terrorisme djiha­diste qui asservit et violente…

S’engager au service de l’Évangile, c’est, sans naïveté, chercher à vivre humblement et à proclamer la belle mais exigeante loi des Béa­titudes. C’est poser des actes de telle manière que le Christ soit toujours servi en chacun des frères qu’il met sur notre route.

« Alors les justes lui répondront : “Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu… ? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ?…” Et le Roi leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.” »4

Oui, que 2024 soit l’année de l’engagement évangélique… C’est en empruntant ce chemin que nous connaîtrons le bonheur que nous nous souhaitons mutuellement en cette période de vœux !

Mgr Laurent PERCEROU
Évêque de Nantes
paru dans ELA n° 142 – Décembre 2023


1. Pape François, exhortation Evangelii Gaudium, 163
2. Voir le document diocésain Pour servir la mission de l’Église
Catholique en Loire-Atlantique
3. Pape François, encyclique Fratelli Tutti, 1
4. Matthieu 25, 37-40