@photo : L’Adoration des bergers de Gerrit van Honthorst

Nous entrons dans le beau temps de l’Avent, ce moment où l’Église nous apprend à attendre autrement. Non pas l’attente inquiète ou précipitée d’un monde qui compte les jours avant les fêtes, mais l’attente confiante de celui qui sait que Dieu vient, inlassablement, au-devant de ses enfants. L’Avent est ce temps discret où le Seigneur travaille nos cœurs pour les rendre disponibles, attentifs, capables d’accueillir sa lumière. À travers la prière, la Parole, les célébrations du dimanche, nous apprenons à reconnaître les signes de sa présence.

L’Évangile nous montre que Dieu ne vient jamais comme nous l’imaginons. Il ne s’impose pas. À Nazareth, il se présente dans la douceur d’une annonce. À Bethléem, il se révèle dans la fragilité d’un nouveau-né. Ainsi en est-il encore aujourd’hui : Dieu visite nos vies avec délicatesse, au rythme de notre fidélité, de nos pauvretés, de nos élans de générosité. Quatre semaines nous sont offertes en cet Avent pour ouvrir les yeux de notre cœur à ce Dieu qui vient nous visiter dans la discrétion, telle cette « brise de fin silence » qui enveloppa le prophète Elie dans la caverne de l’Horeb.

Cet Avent est donc un appel à ouvrir les yeux et le cœur. À laisser l’espérance reprendre sa place. À accueillir la paix qui vient d’En Haut. À retrouver ce goût simple et profond de la
prière qui prépare à Noël comme on prépare une maison pour un hôte attendu. Beaucoup portent des fardeaux, des inquiétudes pour leurs proches, des blessures intérieures, le monde est bousculé par des guerres de conquête, des vengeances destructrices, des extrémismes sanglants et un désordre économique qui suscite misère et désespérance. Le Seigneur ne demande pas de les cacher : il nous invite à les déposer devant Lui, comme les bergers déposèrent leur vie rude et fragile devant l’Enfant de la crèche et à oser le geste humble mais nécessaire qui contribuera à apporter joie et fraternité autour de nous.

Et bientôt, Noël. Un mystère si grand et si humble à la fois. Dieu se fait enfant. Il choisit la pauvreté d’une étable pour nous apprendre que rien, jamais, ne pourra nous séparer de son amour et qu’il est venu pour tous, parce « qu’il ne fait pas de différence entre les hommes ». Noël n’est pas une parenthèse chaleureuse au cœur de l’hiver, c’est la proclamation que la lumière a déjà percé nos ténèbres !

Je vous invite à vivre ces semaines comme un chemin intérieur : attendre, prier, servir, écouter, pour accueillir plus largement Celui qui vient. Que l’Avent nous aide à témoigner toujours davantage de notre espérance, et que Noël renouvelle en nous la joie de croire en un Dieu qui nous rejoint en notre humanité. Je vous souhaite un beau temps de l’Avent et une fête de la Nativité habitée de paix et de lumière.

Mgr Laurent PERCEROU
Évêque de Nantes
Éditorial de la revue ELA n° 164 de décembre 2025