Du 2 au 27 octobre prochain se tiendra à Rome la deuxième assemblée du Synode sur la synodalité. La question qui ouvre le document préparatoire (Instrumentum Laboris)* de cette deuxième assemblée rejoint nos orientations diocésaines : Comment être une Église synodale missionnaire ?
Il est bon de lire le n° 111 de ce document, alors que l’année pastorale verra la mise en œuvre de bon nombre d’entre elles :
« L’encyclique Fratelli Tutti nous exhorte à nous reconnaître comme sœurs et frères dans le Christ ressuscité (…). L’encyclique met en lumière le contraste entre l’époque dans laquelle nous vivons et la vision de la convivialité préparée par Dieu. Les voiles, les obscurités, les larmes de notre temps sont le résultat de l’isolement croissant des uns et des autres, de la violence exacerbée, de la polarisation croissante de la société, et de la rupture avec les sources de vie. Cet Instrumentum laboris nous interpelle sur notre façon d’être une Église synodale missionnaire, de nous engager dans une écoute et un dialogue profonds, de vivre la coresponsabilité à la lumière du dynamisme de notre vocation baptismale, tant personnelle que communautaire, de transformer les structures et les processus pour permettre à tous de participer et partager les charismes que l’Esprit répand sur chacun pour le bien commun, et à exercer le pouvoir et l’autorité comme un service. Chacun de ces aspects constitue un service rendu à l’Église et, par son action, une opportunité de guérir les blessures les plus profondes de notre temps. »

Le pape François « nous exhorte à nous reconnaître comme sœurs et frères dans le Christ », parce que là est le projet de Dieu pour son Église. Tous, nous avons été marqués de la même grâce baptismale qui nous établit sœurs et frères du Christ, enfants de notre Père des Cieux et donc liés les uns aux autres par un lien de fraternité qui n’est autre que l’Esprit-Saint, cette force de vie qui unit le Christ à son Père. Ainsi, nous sommes revêtus d’une égale dignité et appelés à nous mettre au service pour le bien du peuple de Dieu et de chacun de ses membres, sans concurrence, sans confusion, dans le respect des charismes et de la vocation de chacun. La grâce baptismale nous habilite à prendre notre part dans la vie du peuple de Dieu dont nous sommes membres, chacun pour notre part.
Mais ce projet d’une Église fraternelle n’a pas pour objectif de transformer l’Église en une oasis de paix réservée à quelques élus au milieu d’un monde hostile et violent. Vous connaissez ces versets d’Évangile : « Vous êtes le sel de la terre… Vous êtes la lumière du monde » (Matthieu 5, 13-15). L’Église a pour mission d’inviter à partager ce projet de Dieu pour l’humanité qui n’est autre que cette « vision de convivialité », cette fraternité en Christ, qu’évoque la conclusion du document préparatoire. Combien il est aujourd’hui essentiel de manifester au monde cette « vision de convivialité » au cœur d’une société française et d’un monde traversés par tant « de voiles, d‘obscurités et de larmes » !

Oui, l’Église est « sel de la terre », « lumière du monde » ! Là se joue la dimension missionnaire de la synodalité. Il s’agit pour l’Église de donner à voir et à goûter ce que Dieu souhaite pour ce monde, à savoir une fraternité puisée à la source de cet amour qui jaillit du cœur du Christ et dont l’Église vit et se nourrit. Nous croyons que cet amour a le pouvoir « de guérir les blessures les plus profondes de notre temps » et de convertir les cœurs !
Aussi, cette seconde assemblée synodale veut engager toute l’Église dans une conversion synodale missionnaire. La conclusion de notre document final nous en donne les axes : « nous engager dans une écoute et un dialogue profonds, vivre la coresponsabilité à la lumière du dynamisme de notre vocation baptismale, transformer les structures et les processus pour permettre à tous de participer et partager les charismes que l’Esprit répand sur chacun pour le bien commun, exercer le pouvoir et l’autorité comme un service. »

Il est heureux qu’en ce début d’année pastorale le document préparatoire de la prochaine assemblée synodale nous rappelle que « pratiquer la synodalité – qui est une expression de la nature même de l’Église – est une manière pour nous de renouveler notre engagement dans cette mission »1. Ce document vient nous stimuler dans la mise en œuvre de nos orientations pastorales qui n’ont qu’un objectif que je fixais en conclusion de mon intervention du 4 février dernier : « Osons l’aventure missionnaire sans craindre de remettre en cause nos habitudes et nos organisations (…), regardons ce monde et cette société que nous n’avons pas à fuir mais à servir pour y annoncer le Salut apporté par le Christ. Traçons ensemble les chemins d’avenir, sans nostalgie, avec la certitude que Jésus le Christ est avec nous, jusqu’à la fin des temps. »

Mgr Laurent PERCEROU
Évêque de Nantes
Éditorial de la revue ELA n° 150 de septembre 2024

 


1 : Document préparatoire pour l’assemblée du Synode d’octobre 2024, introduction