Prêtre du diocèse de Parakou, au Bénin, le Père Aubin Legbodjou est curé de la Paroisse Sainte-Anne-de-Goulaine, dans le diocèse de Nantes.
Après avoir présenté l’origine et la source de son engagement sacerdotal et missionnaire, il nous dit, à partir de son expérience à Parakou et à Nantes, comment il voit l’action de l’Église témoin de la Bonne Nouvelle qui reste la même tout en s’adressant à des cultures différentes.
Devenir prêtre : Pourquoi ? Pour quoi ?
Nous étions neuf prêtres à être ordonnés le 9 décembre 2006, dans la cathédrale de Parakou par l’Archevêque de Niamey (Niger). Il était venu au Bénin dans le cadre du ‘Jubilé d’or’, les cinquante ans de la fondation de la cathédrale de Parakou. C’était aussi en prélude aux 150 ans de l’évangélisation du Bénin avec la venue des premiers missionnaires. C’était des prêtres de la Société des Missions Africaines qui étaient arrivés dans ce qui était alors le Dahomey.
Notre ordination à Parakou concrétisait les actions missionnaires dans ce diocèse.
Ma vocation est née dans le cadre familial. Une famille où mes parents, chrétiens pratiquants, m’ont éveillé à la foi chrétienne, avec mes cinq frères et sœurs. J’ai eu envie de devenir prêtre en voyant les missionnaires, leur façon de vivre et de faire. C’était surtout des prêtres diocésains, et aussi des Pères Salésiens de Don Bosco.
Après mon ordination, j’ai été nommé curé de la paroisse Notre Dame de Lourdes, à Albarika, dans la périphérie de Parakou. Quand est arrivée ma nomination pour une mission au diocèse de Nantes, cette nouvelle a été accueillie dans la foi. Bien sûr, je ne suis plus présent au pays physiquement, mais les liens de communion demeurent toujours. Ma famille a compris pourquoi et pour quoi je partais. Cela allait dans le sens de l’éducation que j’y avais reçue, et les miens comprenaient que c’était l’accomplissement de ma vie de prêtre. Je suis ‘‘prêtre pour tous, même si j’ai des liens familiaux’’ qui demeurent et me font retourner de temps en temps au Bénin.
Vivre la Mission de l’Église.
« C’est dans ce contexte, note le Père Aubin, que j’ai été appelé et envoyé par Mgr Pascal N’KOUÉ au nom du diocèse de Parakou, pour le diocèse de Nantes. D’abord prêtre coopérateur à La Baule, je suis devenu ‘apprenti curé en France’, à Sainte Anne de Goulaine. Deux années de très belles expériences avec les Pères Jean Provost (La Baule) et Francis Athimon, SMA, (Ste Anne de Goulaine). Après le départ du Père Francis en Côte d’Ivoire, j’ai pris la responsabilité de la paroisse Sainte Anne de Goulaine le 1er septembre 2016.
Désigné pour représenter mes confrères au Conseil Presbytéral, je découvre un peu plus le diocèse. Aumônier au Collège Saint Gabriel de Haute-Goulaine, j’accompagne à Lourdes les élèves de 4ème. Depuis septembre dernier, je suis aumônier diocésain du MEJ, le Mouvement Eucharistique des Jeunes. Tous ces lieux d’investissement sont pour moi l’occasion de témoigner de ma foi, de ma vie de prêtre, et de mon engagement auprès de tous. J’ai à cœur de renouveler les liens entre la pastorale en milieu populaire et l’annonce de l’Évangile, afin de permettre au diocèse de Nantes d’offrir le témoignage de la fraternité entre tous, entre personnes de cultures différentes, comme cela s’est vécu lors de Festifrat. »
Quand on l’interroge sur les différences qu’il perçoit entre les deux diocèses, le Père Aubin nous dit :
« Il y a d’abord la jeunesse du diocèse de Parakou qui célébrera ses 75 ans en 2020, et l’ancienneté du diocèse de Nantes, évangélisé dès le 3ème siècle. De ses origines, Nantes garde le souvenir du martyr des deux frères, Saint Donatien et Saint Rogatien. Le diocèse de Parakou est né de la volonté des missionnaires venus former et rassembler des communautés chrétiennes locales dynamiques dans cette région.
Dans les deux diocèses, les structures sont différentes.
À Nantes, on est dans une logique de regroupement des paroisses, alors qu’à Parakou c’est une pastorale de création. Là-bas, c’est une terre de première évangélisation. Le prêtre fait tout. Il est le conseiller, le médecin, le psychologue ; il transforme parfois sa voiture en SAMU, ambulance… Il est au centre de la vie des gens. Même s’il y a des bénévoles, cela n’a rien à voir avec les ‘‘LEME’’ ou les ‘‘APP’’ d’ici.
À Parakou, les églises sont pleines et il faut en construire de nouvelles. Il y a beaucoup d’enfants et de jeunes. La pastorale est très centrés sur eux. Ici, elle est plus développée en fonction des âges, selon les situations de vie ou professionnelles.
Ce qui est semblable, c’est l’élan missionnaire qui s’adresse à tous : enfants, jeunes, adultes et personnes âgées.
Il y a autre chose encore qui ressemble aux Équipes fraternelles de Foi, ce sont les CEB, Communautés Ecclésiales de Base. Elles réunissent trente ou quarante personnes environ, en dehors de la messe du dimanche, pour partager l’Évangile. Cette expérience est issue du synode vécu pendant trois ans à Parakou, de 1997 à 1999. Il avait permis d’éclairer davantage la notion d’Église-Famille, et d’en faire la pointe de l’action pastorale. »