Voici plus de quatre mois déjà que la crise sanitaire provoquée par la Covid-19 a profondément bouleversé notre quotidien, notre vie sociale, notre vie religieuse et spirituelle, notre vie de famille, notre pays tout entier. Le 17 mars, la consigne était claire : on ne sort pas de chez soi. Deux mois plus tard, la sortie du confinement a commencé à s’organiser de façon un peu moins claire : on pouvait prendre les transports en commun, mais pas se rassembler ; l’école pouvait reprendre, mais les mesures étaient difficiles à interpréter et à mettre en œuvre ; le port du masque était obligatoire dans les églises, mais pas à une terrasse de café… Reconnaissons-le, à l’heure où ces lignes sont écrites, nous ne sommes pas tout à fait sortis de ce clair-obscur. Les paroisses le savent bien, elles qui peinent à mettre en œuvre les mesures demandées et à s’y astreindre, des mesures prescrites depuis la fin mai et qui n’ont pas été retouchées alors que d’autres l’ont été pour d’autres activités.
Il n’est pas dans mon intention de mettre en cause qui que ce soit. Les Pouvoirs Publics ont dû organiser la vie de notre pays de façon totalement inédite, et je ne doute pas qu’ils ont fait de leur mieux. Nous nous y sommes pliés, ce qui, par le fait même, nous a permis de rester en communion les uns avec les autres. Mais nous revendiquons le droit d’être reconnus comme responsables. C’était le sens de l’intervention de la Conférence des évêques de France auprès du Gouvernement à l’approche de la Pentecôte : faites-nous confiance pour organiser de manière responsable la vie de notre Église et de nos paroisses.
Responsables, nous le sommes. Même si d’une paroisse à l’autre la mise en œuvre des mesures-barrière peut différer, nous ne cherchons pas à tricher avec les décrets qui veulent nous protéger. Mais dans le clair-obscur de ces décrets, le recours au bon sens est certainement le meilleur moyen d’organiser sans crispation la sortie du confinement.
Le Temps Pascal nous a fait lire les Actes des Apôtres ; il fallait à la jeune Église née de la Pentecôte inventer sa façon d’être et de s’organiser dans un contexte inédit : sur quelles bases vivre la communion entre juifs et païens au-tour du Christ ? Quels liens entretenir avec l’Église-mère de Jérusalem ? Comment être chrétien à Corinthe ? Le bon sens a eu sa place, c’est évident ; un bon sens éclairé par la vie et la parole de Jésus tout entières en cohérence avec ce commandement nouveau : « Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres » (Jn 13,34).
Aujourd’hui comme hier, l’amour du prochain à la façon de Jésus est notre seule règle intangible. Loin de nous laisser dans un clair-obscur, elle est lumière sur nos pas. Sans nous détourner de l’obéissance due aux Pouvoirs Publics, elle nous offre la vraie liberté, celle d’être serviteurs de la vie. C’est aujourd’hui qu’il nous faut en témoigner.
Père François Renaud
Administrateur diocésain