Le carême est commencé ! Qu’allons-nous en faire ? À quoi le Seigneur nous appelle-t-il ? « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile » (Mc1,15). C’est la parole entendue le mercredi des cendres. Que voudrait-elle dire pour nous prêtres, diacres, laïcs engagés dans la vie des paroisses, des mouvements du diocèse ?

La générosité est réelle. Les uns et les autres cherchent à bien faire. J’en suis témoin. Mais parfois, nous vivons des déceptions. Ce sont les déceptions par rapport aux fruits de la prière pour les vocations  sacerdotales et religieuses. Ce sont celles des accompagnateurs d’adultes vers le mariage, vers le baptême d’un des enfants. Ce sont les déceptions éprouvées après l’accueil de familles en deuil. Les échanges ont été chaleureux, cordiaux.  Et « on ne les revoit pas ! ». Alors, à quoi ça sert de se dépenser ? Nous y prendrions nous mal ? À quoi Seigneur nous appelles-tu ?
Sans doute, tout accompagnement est perfectible ! Et aucun n’a la réponse à toutes nos questions. Qu’est-ce qui peut nous aider ?

– Les échanges entre les personnes engagées dans la préparation des sacrements dans une paroisse : relire notre pratique, l’évaluer, et discerner ensemble la présence de Dieu, dans nos échanges, dans la rencontre des personnes, dans les célébrations.
– Les échanges avec d’autres paroisses que la nôtre : les initiatives, les idées des autres éclairent, corrigent nos pratiques.
– Des propositions de formations sont faites aussi par les services diocésains concernés, pour animer les réunions de préparation aux sacrements.

Le temps de carême nous incite à regarder plus profond. Il nous prépare à la passion, à la mort et à la résurrection du Christ. Parmi les nombreux personnages autour de Jésus, il y a Simon-Pierre. C’est un homme déçu. Déçu par la tournure que prennent les évènements. Il ne comprend pas. Il s’attendait à un Messie puissant : il voit Jésus à genoux devant ses disciples. Il était prêt à prendre les armes : Jésus lui demande de ranger son épée. Il est déçu : « Je ne connais pas cet homme » (Mc 14, 71). Cela rejoint tellement nos propres déceptions pastorales. Comment les vivre ? À quoi le Seigneur nous appelle-t-il ?

La liturgie du mercredi des cendres nous donne un élément de réponse. Après avoir évoqué les actes bons du carême, l’aumône, la prière, le jeûne, Jésus conclut par trois fois : « Ton Père qui voit dans le secret, te le rendra ». Lui, le Seigneur, sait l’effort que nous déployons dans la vie pastorale. Lui, le Seigneur, et parfois lui seul, sait l’épreuve que représente pour nous l’apparent manque de fruits. Il connaît notre cœur. Il nous invite à nous appuyer sur sa promesse : ton Père te le rendra. Dans les récits de la Passion, on évoque la présence de la mère de Jésus. À la différence de saint Pierre, elle accompagne Jésus au pied de la croix et jusqu’au  tombeau. Dans le silence du samedi saint, elle s’appuie sur la promesse faite : « Le Fils de l’homme sera condamné à mort, ils se moqueront de lui, ils le tueront, et trois jours après, il ressuscitera » (Mc 10, 34 ).

Dans son message de carême, le Pape François nous invite à demander la guérison de notre « cœur froid » dans les affaires, le rapport à l’argent, aux plus petits. Mais il évoque aussi les symptômes d’un cœur froid dans la communauté : nous cultivons les discours désabusés ; nous partageons les propos pessimistes, critiques et accusateurs ; nous éprouvons parfois des sentiments de  jalousie, nous demandons parfois des « recettes-miracles », nous recherchons des coupables : un collaborateur, la hiérarchie,  l’indifférence généralisée du monde actuel. Il se peut même que nous nous en prenions à nous-mêmes ! Pendant ce carême, le Seigneur guérit nos cœurs. Il rend nos cœurs « brûlants de foi, d’espérance et d’amour » (Pape François), comme celui de Notre-Dame.

Bon carême.

+Jean-Paul James
évêque de Nantes