La journée annuelle de catéchèse, qui s’est déroulée en mars dernier, a rassemblé une centaine de personnes responsables de catéchèse en paroisse, dans les écoles, laïcs en mission ecclésiale, prêtres et aussi accompagnateurs en catéchuménat en raison du thème retenu. Celui-ci avait été inspiré d’une session nationale de janvier 2018 particulièrement appréciée du service diocésain. Le service de liturgie s’est aussi associé à cette journée en préparant la célébration eucharistique.
Afin de faire connaissance et d’entrer dans le thème, les participants ont été invités à répondre en binômes successifs à des questions d’abord anodines, puis de plus en plus en lien avec le thème : d’où venez-vous ? Quel est votre prénom ? Jusqu’à : avez-vous déjà fait l’expérience d’être sauvé ? Avez-vous déjà sauvé quelqu’un ? Une entrée dans la problématique un peu déroutante car elle n’était accompagnée d’aucune explication ou définition préalable.
Une volonté du père Piettro Biaggi, co-responsable du Service National de Pastorale Catéchétique, certain qu’en catéchèse, l’annonce du Salut doit s’inscrire dans la vie des gens. Le Salut ne doit pas être déconnecté de la réalité ni envisagé comme une simple espérance. Pour l’illustrer, deux témoignages ont été proposés aux participants :
D’abord celui d’une jeune catéchumène, Ophélie. À 17 ans, elle vivait une profonde dépression quand on l’invite à participer à un pèlerinage à Taizé. Elle n’est pas croyante mais se raccroche à cette proposition « avec les dernières forces qu’il lui restent » décrit-elle. Lors d’une veillée, elle est invitée à faire un geste de foi et pose son front sur la croix. Elle reçoit alors une force qu’elle compare à un nouveau souffle de vie, une chaleur amicale. « Cela m’a donné une nouvelle place dans l’univers et le goût de vivre » témoigne-t-elle. La remontée est lente, mais peu à peu elle sort de la dépression avec le sentiment que Dieu l’a sauvée, alors elle demande le baptême.
Ensuite, c’est Delphine, une catéchiste, qui partage une expérience d’accompagnement particulièrement marquante pour elle. Elle explique s’être sentie « agent de Salut » pour l’une des jeunes qu’elle accompagnait : une adolescente de 14 ans, placée en famille d’accueil, pour laquelle elle avait imaginé un parcours vers la confirmation. Mais la vie de la jeune fille est chaotique, elle ne suit pas le chemin que Delphine avait prévu… Celle-ci la perd de vue pendant un temps, mais la jeune fille revient. Delphine partage alors son impression d’avoir été témoin de l’œuvre de Dieu et s’interroge : « N’ai-je pas, moi-même, été sauvée dans cet accompagnement ? ».Après ces apports très concrets, Piettro Biaggi invite les participants à regarder dans les Écritures, une certaine posture d’annonce, celle de saint Paul qui n’a pas connu Jésus dans sa vie publique et qui pourtant devient un apôtre zélé. La source de la motivation de Paul se situe sur le chemin de Damas, dans sa rencontre personnelle avec le Christ. Celle-ci est essentielle pour tout catéchiste. Il faut bien sûr annoncer le kérygme (1), le cœur de la foi, mais avant de l’annoncer il faut le vivre soi-même afin d’être disciples missionnaires. En nous laissant toucher par ce kérygme nous l’actualisons et nous sommes plus à même de rejoindre les gens d’aujourd’hui dans leurs questionnements. Il faut bien garder à l’esprit que le Ressuscité n’a pas disparu dans le ciel, mais qu’il est présent parmi nous, il l’a dit : « Je suis avec vous jusqu’à la fin des temps ». Le texte national l’orientation de la catéchèse invite à oser l’annonce du Salut même si la personne qui reçoit cette annonce reste libre de l’accueillir. Piettro Biaggi indique alors quatre voies possibles pour une annonce aujourd’hui :
- Servir chacun dans l’histoire sainte de sa rencontre personnelle avec le Christ, c’est-à-dire comme nous y invite le Pape François « aller au pas de Dieu, c’est la pédagogie du Christ ».
- Emprunter un cheminement de type catéchumènal : avec la Parole de Dieu au cœur du cheminement, initier à la prière et à la vie sacramentelle au sein d’une communauté missionnaire vivante. Et apprendre à relire sa vie, c’est ce qui permet d’y voir l’alliance que Dieu fait avec chacun.
- Expérimenter la liturgie car en elle, Dieu vient chercher chacun et lui propose le Salut.
- S’appuyer sur la beauté (nature, art, musique…), « la voie de la beauté » comme l’appelle le Pape François est un support essentiel de l’annonce du Salut.
L’après-midi a consisté à se mettre concrètement au travail « à la recherche du salut dans les documents catéchétiques ». Croisant leur propre expérience, les apports et témoignages du matin et les itinéraires proposés dans les outils, les participants ont pu mieux s’approprier l’usage de documents en vue de cette annonce du salut. La célébration eucharistique a enfin été l’occasion d’expérimenter l’accueil du salut offert à tous. Cette journée a touché ceux qui y ont participé. Beaucoup ont témoigné avoir été rejoints par le cheminement (catéchétique !) combinant enseignement et expérience. Et si le contexte de l’annonce peut sembler difficile aujourd’hui, ils sont repartis ressourcés et joyeux d’être envoyés pour une telle mission.
Françoise Coquereau,
Responsable du service diocésain
de pastorale catéchétique
Le mot « Kerygme » signifie le contenu essentiel de la foi : « Jésus-Christ t’aime, il a donné sa vie pour te sauver, et maintenant il est vivant à tes côtés chaque jour pour t’éclairer, pour te fortifier, pour te libérer. » Pape François, Evangelii Gaudium n° 164 « Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ; nous tous, nous en sommes témoins. » Ac 2,32