« Notre Dame de Boulogne, ramenez mon fils prisonnier.
Préservez-nous des bombardements et faîtes cesser la guerre. »
(Billet d’ex-voto jeté dans la barque, été 1944).
Manifestation autant patriotique que religieuse, le Grand retour de Notre Dame de Boulogne en Loire-Atlantique se déroule pendant la Libération (juin-juillet 1944). Au passage de la vierge, une grande procession se forme; des prières, des ex-votos sous forme de billets ou de photographies sont déposés dans la barque de Notre Dame.
Du 28 mars 1943 au 29 août 1948, les quatre reproductions de la statue de Notre-Dame de Boulogne sillonnent la France, entraînant des foules à pied qui, en priant et en chantant, accompagnent la Madone. Dès le départ de Lourdes en 1943, le but affiché est la consécration au Cœur Immaculée de Marie du plus grand nombre de Français et la conversion des pêcheurs. Mais dans ce climat de guerre, les missionnaires font prier pour le retour des absents (prisonniers, déportés, requis du STO, déplacés), pour la préservation des bombardements et pour le « Salut » de la France.
La Semaine religieuse du diocèse de Nantes publie les relations du « chroniqueur » du Grand Retour qui se déroule dans le diocèse de Nantes (Loire-Inférieure) en juin et juillet 1944. Pour recevoir le Grand Retour, on organise des cortèges, on décore le chemin que doit emprunter la statue avec des arcs de triomphes, des guirlandes.
A la musique qui accueille également la statue (cantiques, cloches de l’église, fanfare), s’ajoutent les acclamations et les cris de « Sauvez la France » et Ramenez nos prisonniers ».
La population peut toucher la statue, baiser son manteau. Les participants sont invités à déposer leur feuillet de consécration dans la barque où l’on jette aussi des billets portant des intentions, des images, des photos des absents, des offrandes, des chapelets. A Couëron, un cœur est déposé devant la barque, symbolisant les 600 absents de la paroisse. Portés par une grande ferveur religieuse, certains accompagnent la Madone pieds nus !
L’évolution des événements miliaires perturbe le déplacement de la statue dans le diocèse : la ville de Nantes doit renoncer à ses projets d’accueil triomphal et la statue se contente d’une réception dans la petite paroisse de Notre-Dame de Lourdes (25 juin 1944). A la fin du mois de juillet, la statue se trouve prise dans la poche de Saint-Nazaire, qu’elle quittera en traversant clandestinement la Vilaine au sud de Redon.