Déjà 20 mois de guerre. L’Eglise nantaise n’a pas rechigné à se joindre à l’effort de la Nation. Toutes les paroisses sont touchées et mobilisées pour répondre aux multiples besoins engendrés par le conflit.
Œuvres de guerre dans les ParoissesDans un communiqué paru dans la Semaine religieuse le 11 mars 1916, l’autorité diocésaine lance une sorte d’enquête auprès des paroisses, afin de savoir ce qui se pratique concrètement en chacune d’elle, au titre de ce qu’il est convenu d’appeler les « œuvres de guerre ».
La chose semble urgente, les paroisses sont priées d’adresser la réponse sous huit jours. La motivation reste vague, le communiqué indique seulement : « il est utile et même nécessaire d’avoir, dès maintenant, une vue d’ensemble sur les œuvres catholiques accomplies durant la guerre dans le diocèse. »

Pour ce faire, le communiqué prend soin de fournir sinon une grille, du moins une liste d’œuvres bien connues, sous laquelle se perçoivent deux volets distincts : un premier concernant les pratiques religieuses (prières, offices, dévotions) spécialement proposées à l’intention de la France et de ses soldats, un second visant les entreprises menées pour le soutien matériel et humain des populations et des soldats.
Aucune synthèse ou exploitation de cette « enquête » ne figure dans les archives de l’évêché.

Les réponses

Les 96 paroisses

Paroisses contributives à l’enquête sur les « œuvres de guerre » de 1916

Les réponses de 96 paroisses y sont par contre conservées dans les archives du secrétariat de l’Evêché (cote 3D17), sans que l’on sache si les autres paroisses (le diocèse compte à cette date 57 cures et 204 succursales) ont répondu. Cet échantillon – qui émane de l’ensemble du territoire – sans être strictement représentatif semble toutefois un bon indicateur des tendances générales, tout en faisant place à certaines originalités.

Les lettres, datées de mars ou du début d’avril, s’appuient sur le questionnaire proposé. Le curé en est toujours le signataire. Il y joint parfois une note du directeur de l’école ou plus fréquemment de l’institutrice. Sa réponse peut être brève, une simple page, ou se développer sur 5 à 6 pages.

Télécharger la liste des paroisses contributives à l’enquête.

Les acteurs cités

Au rang des acteurs de toutes ces « œuvres de guerre », le curé fait bonne figure. Il est l’ordonnateur plutôt zélé des offices religieux ordinaires ou extraordinaires, et le support, voire parfois l’animateur de certaines œuvres profanes. Il lui arrive de s’associer avec le maire de la commune pour certaines réalisations et la mobilisation de bonnes volontés locales. Les vicaires n’apparaissent quasiment pas car beaucoup sont sous les drapeaux, de même que les instituteurs.

Les femmes tiennent un rôle moteur sur différents chantiers. Bien sûr elles fréquentent en masse les offices religieux proposés et animent par elles-mêmes des rencontres de dévotion. Dans la quasi-unanimité des paroisses, elles assument nombre de tâches pratiques : collecte et confection de vêtements et colis pour les soldats, fournitures (linges et subsistances) pour les ambulances locales ou voisines, accueil et équipement des réfugiés, soutiens aux familles déstructurées par le conflit, quêtes en argent ou en nature, etc. Les Ligues féminines catholiques (Ligue patriotique des Françaises et la Ligue des Femmes françaises) sont au premier rang de l’action, à côté de dames de l’aristocratie et de religieuses dévouées aux hôpitaux et ambulances. Les institutrices libres et leurs élèves sont généralement présentes aux exercices religieux mais tout autant aux travaux de tricot ou au traitement des étoffes et des linges destinés aux combattants comme aux blessés ou aux prisonniers.
Entrainée par ces bonnes volontés, la population se donne à fond, surtout les premiers mois du conflit. Sous la plume du curé, elle apparait sous deux vocables, les « paroissiens » ou les « habitants », sans que l’ambigüité soit toujours levée sur l’étendue de chaque dénomination.

Pour aller plus loin :

  • Voir l’Exposition virtuelle 14-18 : A l’arrière – Des œuvres paroissiales à l’Association diocésaine d’assistance aux victimes de la guerre.
  • Article de Monsieur l’abbé Jean Bouteiller sur « L’engagement des paroisses dans les « œuvres de guerre » – Présentation de l’enquête diocèse de 1916 » (à paraître en 2016).