L’affiche du Père Doncoeur de la Ligue Des Droits Du Religieux Ancien Combattant (1924)
Cette affiche est plus que le coup de sang d’un homme. Elle affirme avec véhémence les revendications des religieux revenus de leur exil forcé pour combattre dans les rangs français.
Dès le 2 août 1914 les lois anti-congréganistes de 1901 et 1904 sont suspendues par une circulaire du ministre de l’Intérieur. Ce sont 9323 religieux qui répondront à la mobilisation ; 1237 d’entre eux seront blessés et 1571 perdront la vie dans les combats.
Moins de six ans après la fin de la guerre, Edouard Herriot, président du conseil, annonce le 2 juin 1924 l’expulsion des congréganistes, la suppression de l’ambassade auprès du Saint-Siège et l’application de la Loi de Séparation des Eglises et de l’Etat à l’Alsace et à la Moselle. Deux mois plus tard, Dom Moreau, bénédictin de l’abbaye de Ligugé, ancien aumônier militaire, blessé et gazé, lance la Ligue des Droits du Religieux Ancien Combattant (Ligue DRAC). En octobre Paul Doncoeur, jésuite, publie une lettre ouverte à M. Herriot. Elle sonne comme le manifeste de ce mouvement naissant et se diffuse par tracts et par affiches.
Concrètement, beaucoup de religieux rejoignent l’association et aucun ne quittera le territoire. On peut ainsi voir défiler à Nantes, lors de la Journée des anciens combattants du 11 novembre 1934, une partie de la délégation de la Ligue des Droits des Religieux Anciens Combattants devant les Tables Mémoriales, avec notamment les Capucins nantais et les pères jésuites de l’Institut catholique professionnel de la Joliverie.
Ce n’est qu’en septembre 1940 que l’Etat français lèvera l’interdiction frappant les congrégations religieuses par une loi reprenant un projet préparé à la fin de la IIIe République. Cette loi sera entérinée à la Libération. La Ligue DRAC vivra jusqu’en 1993 sous son appellation d’origine pour devenir à cette date « Défense et Renouveau de l’Action Civique ».
Les Archives Historiques du diocèse de Nantes (AHDN) conservent les archives permettant de retracer l’engagement des prêtres et séminaristes du diocèse de Nantes dans l’armée française, ainsi que quelques pièces relatives à l’association des prêtres anciens combattants et à la Ligue des Droits des Religieux Anciens Combattants (DRAC).
Les archives de la DRAC sont conservées à Paris (8 bis rue Vavin, Paris VIe). La série F, qui présente les différentes activités, se révèle comme le plus riche du fonds : actions juridiques et politiques, manifestations publiques, conférences, coupes d’éloquence des lycéens, production de films, publications, relations avec les autres associations d’anciens combattants… Nous avons là les traces d’une fraction significative de la population française qui témoigne des suites de « l’Union sacrée » entre les deux guerres voire au-delà.