©photo : 10-11 octobre 2025 – rencontre des Équipes d’Animation Pastorale des paroisses du diocèse de Nantes

Sacerdoce commun et sacerdoce ministériel

C’était non loin de la colline de Vézelay. Au terme de la veillée, le visage éclairé par un grand feu crépitant, Paul, étudiant à Caen, a pris la parole avant de prendre un engagement devant ses frères scouts. Il l’a affirmé avec force : ce qui lui importait, « ce n’était pas de devenir un saint… mais que les jeunes qui lui étaient confiés deviennent des saints. »

Ce beau désir vient éclairer la réflexion que les équipes d’animation pastorale ont menée, mi-octobre, lors d’un week-end de formation et de ressourcement. Ensemble, elles ont prié, goûté la joie de la fraternité et se sont formées. Une préoccupation constante affleurait de leurs échanges : que signifie pour des baptisés–confirmés d’être appelés à « participer à l’exercice de la charge pastorale » de leur curé ? Pour y répondre, elles sont revenues à l’articulation du « sacerdoce commun » et du « sacerdoce ministériel ».

Sacerdoce commun ? Chacun – laïc, religieux, religieuse, diacre, prêtre, évêque – par son baptême et sa confirmation, est « prêtre, prophète et roi ». Appelé à se sanctifier, annoncer et servir. Dans un mouvement d’accueil et de don, il s’agit de vivre de la vie de l’Esprit Saint – voilà la sanctification – pour témoigner de la mort et de la résurrection du Christ à l’œuvre dans nos vies – voilà l’annonce – toutes deux manifestées par l’exercice de l’amour, en acte et en vérité – voilà le service.

Le sacerdoce ministériel est au service du sacerdoce commun. Par leur vocation spécifique, les évêques et les prêtres sont aussi « prophètes, prêtres et rois » – notez l’inversion des deux premiers termes. Autrement dit, leur vie est destinée à susciter et déployer chez les autres – en particulier par la prédication et la célébration de l’eucharistie – ce désir d’une vie dans l’Esprit, qui permet à la Parole de continuer sa course et au cœur de Dieu de battre dans le monde, par les œuvres de miséricorde matérielles et spirituelles.

Autrement dit encore, ils ont « charge d’âme ». Ce service, selon la terminologie de Jean-Paul II, fait d’eux des serviteurs de l’Église mystère, l’Église communion et l’Église mission.

Ce souci peut être porté avec d’autres. Paul, du haut de ses vingt ans, l’atteste.

Si la vocation des laïcs est d’abord d’exercer leur sacerdoce commun dans le monde – avec les diacres, signe sacramentel du Christ serviteur – par une manière d’être et une multitude d’engagements, au travers d’une vie familiale, professionnelle, associative ou ecclésiale, quelques-uns peuvent aussi être appelés, toujours au nom de leur baptême et de leur confirmation à participer à la gouvernance d’une paroisse, avec des ministres ordonnés, comme « personnes “ coresponsables ” de l’existence et de l’action de l’Église » (Benoît XVI). Ils permettent ainsi au curé et aux autres prêtres de mieux vivre leur vocation propre – prêcher la Parole, célébrer les sacrements, rassembler le Peuple de Dieu dans la communion et la charité.

Dans l’élan de la Toussaint, creusons le désir de la sainteté, non seulement pour nous-mêmes, mais aussi, avec Paul, en tous lieux où nos responsabilités nous conduisent au service des autres.

Père Sébastien de Groulard
Vicaire Général
Éditorial paru dans ELA n° 163 – Novembre 2025