Joli mois de mai », vous connaissez la chanson… La nature s’épanouit, le soleil est au rendez-vous et lorsqu’il n’y avait pas la pandémie et son confinement, les week-ends prolongés permettaient de souffler un peu, de partir visiter familles et amis…

« Joli mois de mai », parce que l’Église, dimanche après dimanche, ne cesse de se réjouir de l’événement de Pâques et de contempler le Christ qui, par son Esprit, l’ouvre à la mission : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples », « Vous allez recevoir une force quand le Saint Esprit viendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » Nous entendrons cet envoi au jour de l’Ascension et nous nous émerveillerons de la puissance de l’Esprit au jour de la Pentecôte quand les apôtres sortiront proclamer sans crainte, en plein Jérusalem, que Christ est ressuscité.

Entre Pâques et Pentecôte, nous fêtons le Christ ressuscité qui rejoint son Père dans la gloire du ciel et qui confie à l’homme qu’il est venu sauver la mission d’édifier son Royaume de justice et de paix. Et il nous le promet : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » Nous savons qu’il tient parole !

Il est là, par son Esprit Saint, présent à la vie des croyants : depuis 8 mois que j’ai rejoint l’Église du Christ qui est en Loire-Atlantique, je rends grâce pour son action qui fait naître tant d’initiatives, qui donne force et persévérance aux croyants et suscite de nouveaux acteurs pour la mission. L’Église ne vit pas d’abord de ses propres forces mais de celles du « don de Dieu » – son Esprit – qu’il lui communique afin qu’elle puisse remplir la mission reçue de son Sauveur.

Nous rappeler cela est essentiel à plus d’un titre. D’abord, c’est un bon antidote contre le poison de l’orgueil, comme si l’avancée du Royaume ne dépendait que de nos qualités. Ensuite, c’est un bon antidote contre le poison de la désespérance et nous savons combien, en ces temps troublés, ce poison est actif et destructeur. Il mine la confiance, sème le doute, attise les oppositions… Pouvons-nous oublier plus de 2000 ans de fidélité de Dieu à son Église et à notre monde, en des périodes parfois bien plus difficiles qu’aujourd’hui ? L’Église, chacun de nous, a mission de rendre présent le Christ-Ressuscité au cœur de ce monde troublé, en proclamant la Bonne Nouvelle du Salut à toute la création, afin que reculent les forces du mal et soient soulagés ceux qui peinent et désespèrent.

Aussi, en ce « joli mois de mai », je veux rendre grâce pour tous ceux qui proclament la Bonne Nouvelle, pour le Seigneur qui travaille avec eux et confirme la Parole par des signes qui touchent les cœurs. En même temps, je vous invite à contempler ces larges espaces dans lesquels il nous faut témoigner : le monde du travail, nos familles, nos quartiers, nos villages, cette société qui va devoir, ces prochains mois, se relever d’une épreuve dont on peine à percevoir les conséquences. Le jour de l’Ascension, nous entendrons les premiers versets du Livre des Actes des Apôtres, il y est question de deux hommes en vêtements blancs qui disent aux apôtres : « Pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? ». C’est à nous aussi, à la suite des apôtres, que les anges posent cette question. En effet, c’est bien ce monde qu’il faut regarder car le Christ nous y attend pour, avec nous, l’ensemencer de l’Évangile.

« Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin de monde ».

Beau temps pascal !

 

Mgr Laurent PERCEROU
Évêque de Nantes
paru dans ELA n° 114 – mai 2021