La communauté de Taizé a fait connaitre une belle icône copte qu’elle appelle « l’icône de l’amitié ». Elle est reproduite ici. Le Christ entoure de son bras l’épaule de son ami pour marcher avec lui. La Toussaint fête l’amitié des saints avec le Seigneur.
Le Christ est l’Ami par excellence. Dans la foule des saints, il est le Saint « hors catégorie ». Nous le chantons chaque dimanche : « car toi seul es saint, toi seul es Seigneur, toi seul es le Très-Haut, Jésus-Christ avec le Saint-Esprit, dans la gloire de Dieu le Père ». Il n’y a de sainteté des hommes que par contagion, par don du Seigneur. Quand on fait un cadeau à un ami, on cherche toujours à lui offrir le meilleur. En choisissant le cadeau, celui qui l’offre imagine la joie de son ami, en le recevant. C’est la joie du Seigneur : Il nous offre son amitié : « je ne vous appelle plus serviteurs, je vous appelle amis » (Jn 15, 15). Et son amitié nous transforme. Dans la fréquentation du Christ leur Ami, les saints finissent par lui ressembler un peu. Regardez l’icône de l’amitié : les deux personnes se ressemblent : même taille, même silhouette, même regard, même rayonnement de lumière ; et pourtant, par leurs vêtements et leurs couleurs, elles demeurent différentes ; le geste du Christ à l’égard de l’ami n’est pas un geste d’emprise ; le Christ ne retient pas l’ami ; en même temps, le bras posé sur l’épaule dit bien le lien qui les unit. L’amitié du Christ rayonne sur son ami. Les mots du Christ deviennent ses mots, les gestes du Christ deviennent ses gestes.
Lui, le Christ porte un Livre important et orné, l’ami, un rouleau, la Bonne Nouvelle. Lui le Christ est la Parole en personne ; Il demande à ses amis de proclamer l’Evangile par toute la terre, l’Evangile de l’Amitié avec le Seigneur et entre nous. L’évangélisation ne se vit pas par prosélytisme, mais par attraction comme aimait à le répéter le Pape Benoit XVI : habités par l’amitié avec le Christ et donc avec leurs frères et sœurs en humanité, les saints de tous les temps attirent. « Si nous pouvions tout faire pour qu’il soit plus évident que l’Eglise est un lieu d’amitié pour tous » (Fr. Aloïs). Car cette amitié déborde, en particulier, sur toutes les personnes fragiles, seules, en situation de précarité. Quelle chance que nos célébrations se poursuivent par des tables ouvertes paroissiales ! C’est le moment où se nouent des amitiés entre nous. Quelle chance, les pèlerinages où se tissent des amitiés entre paroissiens ! Quelle chance, les visites dans les maisons de retraite, car des personnes sont sorties de la solitude. Et ces visites nous font découvrir, dans les visages de nos frères et sœurs, parfois très âgés, le reflet d’une présence, celle de l’Ami. Alors, s’il y a un appel à entendre lors de cette fête de Toussaint, c’est un appel à aimer davantage, à faire grandir l’amitié avec le Christ et entre nous.
Que les Saints du diocèse de Nantes intercèdent pour nous !
+Jean-Paul James
évêque de Nantes
(ELA n° 98 – novembre 2019)