Un prêtre de Nantes, Benoit Bertrand, est nommé évêque de Mende. Nous en sommes heureux pour lui, et pour son futur diocèse. Evêque, successeur des apôtres, il annoncera la Bonne Nouvelle avec ses frères prêtres, diacres, consacré(e)s, laïcs. Pasteur à la suite du Bon Pasteur, le Christ Jésus, il rassemblera le Peuple de Dieu qui est à Mende et veillera à le conduire sur les chemins de vie. Par gratitude au Père Benoit Bertrand, notre diocèse lui offre la crosse, le bâton pastoral, beau symbole de sa charge.
Un prêtre du diocèse nommé évêque, ajoutent certains, c’est aussi un prêtre de moins pour le diocèse. C’est vrai. Le nombre de prêtres diminue ici comme ailleurs. Comment vivre cette réalité sans verser dans un pessimisme tout humain ? Certains soulignent que l’Eglise ne repose pas que sur les prêtres. Tant de personnes laïques « retroussent leur manche ». Quelle grâce ! Leurs engagements au service du diocèse stimulent évêque et prêtres. D’autres évoquent et légitimement la chance de la présence et du ministère des diacres. Mais ni les laïcs, ni les diacres ne remplacent les prêtres. Et inversement, les prêtres ne remplacent ni les laïcs, ni les prêtres. « Les vocations et les fonctions sont diverses, spécifiques et complémentaires. Toutes les vocations sont belles mais elles ne sont pas interchangeables ! Celles des prêtres sont aussi indispensables »[1].
Pour signifier l’importance des vocations de prêtres diocésains, les cinq diocèses des Pays de Loire organisent une marche de prière vers Saint Laurent sur Sèvre, le 1er Mai prochain. Je souhaite que les catholiques de Nantes y viennent nombreux. Certains pensent la prière pour les vocations, inutile : Dieu ne sait-il pas ce qu’il nous faut ? D’autres la croient incantatoire comme si nous voulions imposer à Dieu notre propre volonté. Mais en priant pour les vocations, nous ne faisons que répondre à l’invitation du Christ : « Priez le maître de la moisson ». Dieu veut que nous demandions. Dieu attend que les hommes lui demandent ce qu’Il veut leur donner. Et la prière nous change nous-mêmes. S’il y a beaucoup de personnes engagées dans l’Eglise et d’autres qui doivent se consacrer davantage à leur famille et à leur profession, certains aussi n’entendent pas les appels du Christ pour eux-mêmes ou n’osent pas prendre des responsabilités. La marche pour les vocations aidera à chacun à se situer devant le Christ Jésus.
Dans la lettre « Que demeure l’amour fraternel », j’ai évoqué aussi l’équilibre de vie humaine et spirituelle des prêtres. Comment leur ministère attirerait-il si les gens les voient fatigués et débordés ? Les prêtres ont parfois à dire non, à réduire le nombre de célébrations, ou leur présence à des groupes ou des personnes. C’est une épreuve que de dire non. Et pourtant, il nous faut savoir dire non parfois, avec respect bien sûr, avec regret souvent, non pas par égoïsme, mais parce que nous reconnaissons notre fragilité et nous savons que nous ne pouvons pas tout faire.
Et s’il arrive à des prêtres de dire non, c’est à cause des multiples OUI qu’ils redisent à longueur de vie, depuis le jour de leur ordination. Nous avons actuellement moins de prêtres, nous en demandons au Seigneur. Mais c’est le rôle de tous de faire en sorte que ces prêtres soient heureux, et nous avec eux, heureux de la joie évangélique promise à tous les disciples.
+Jean-Paul James
évêque de Nantes
(ELA n° 90 – février 2019)
[1] « Que demeure l’amour fraternel », p. 20