(Extrait du dossier ELA n°159 – juin 2025)
La résidence de la Gourmette à Nantes accueillera dès septembre le nouvel évêché. Un lieu d’exception qui aura vécu plusieurs vies. Il se trouve aujourd’hui restauré, dans un souci de préservation du patrimoine et d’ajustement aux usages actuels.
Il y a encore peu de temps, la Gourmette accueillait des prêtres âgés, logés dans de petits appartements. Le bâtiment avait été morcelé pour offrir à chacun une chambre, une pièce à vivre et une salle de bain. Les récents travaux ont consisté à revenir à une configuration plus ouverte, afin d’y installer l’évêque et ses deux vicaires généraux, ainsi que des bureaux pour cinq personnes, dont la déléguée générale et une assistante. L’objectif était de créer un lieu de travail moderne (doté de tous les réseaux nécessaires, d’équipements informatiques performants, d’un système de régulation du chauffage, etc.) tout en offrant un cadre de vie agréable.
Claire Peyredieu-du-Charlat, responsable des travaux pour l’Association diocésaine, a mené ce chantier avec l’agence Magnum, maître d’œuvre. Sa mission a été de rendre le lieu confortable et fonctionnel pour ces nouveaux usages, tout en mettant en valeur le cachet de l’édifice : les travaux successifs avaient ajouté des faux plafonds peu esthétiques, certains éléments de décor avaient été dissimulés ou endommagés. Dans la mesure où cela ne représentait pas un surcoût important, ensemble ils ont cherché à les restaurer et à les mettre en valeur pour préserver ce patrimoine.
Ainsi, explique-t-elle, la fresque du plafond de la salle de réception a été rehaussée d’une nouvelle bordure ton sur ton, ce qui la met en valeur bien plus que les couleurs tranchées qui existaient
auparavant. Bien que la Gourmette ne soit ni classée ni inscrite à l’inventaire des monuments historiques, la résidence est répertoriée dans le patrimoine nantais en tant que château de la
Sauzinière (l’histoire du lieu mentionné dans le dossier de la revue ELA n°159 de juin 2025). En parallèle des travaux d’aménagement intérieurs, un diagnostic patrimonial des façades a été lancé avec le cabinet Architrav grâce à une subvention de la Ville de Nantes.
Dans ce chantier débuté en 2023, les artisans ont été choisis pour leur savoir-faire sur ce type de bien, afin de préserver les éléments patrimoniaux : de beaux carrelages, par exemple. Sous les
couches de peinture, des décors et volutes ont été découverts et seront visibles à un endroit. Ces travaux ont permis de reconstituer la palette des couleurs d’origine du bâtiment, et certains clins d’œil à ces teintes ont été intégrés. Delphine Delteil, LEME et également décoratrice d’intérieur, a grandement contribué à la décoration et au choix du mobilier.
Enfin, d’autres éléments patrimoniaux ont été intégrés au projet : les fresques de l’évêché – représentant l’arrivée de saint Clair à Nantes, la vie de la Vierge Marie et l’adoration eucharistique – seront déposées. Les deux premières seront réinstallées à la Gourmette. Deux statues, situées dans les jardins de l’évêché et de la maison des vicaires, seront également déplacées, enfin, deux vitraux de l’ancienne chapelle de l’hôpital N-D de Lorette rejoindront l’oratoire.
Auparavant, l’évêque résidait seul dans une grande maison non rénovée. Une étude avait été menée pour transformer l’évêché et le conserver dans le patrimoine diocésain, mais l’ampleur et le coût
du chantier dépassaient les capacités de l’organisation. Le choix de s’en séparer permettra à d’autres, disposant des moyens nécessaires, de le préserver. Quant au logement des deux vicaires généraux, situé au bout de l’impasse Saint-Laurent, il sera conservé et transformé prochainement en logements locatifs, afin de générer des ressources.
À la Gourmette, l’équipe épiscopale sera désormais réunie, à proximité immédiate du secrétariat général et de la Maison Saint-Clair. Le vaste vaisseau de briques rouges abrite également le séminaire interdiocésain Saint-Jean, entièrement rénové en 2019-2020, dans lequel le système des fraternités mis en place donne apparemment entière satisfaction.
L’ensemble forme désormais un site immobilier cohérent, en bon état, et doté d’un parc agréable, dont l’entretien est également une priorité, conclut Claire : un expert forestier a identifié des
arbres fragiles et pourra conseiller sur les replantations à envisager ou la préservation de jeunes pousses.
Cinq questions à l’économe diocésain
- Nicolas Perenchio, le déménagement de l’évêché de Nantes est imminent, qu’est-ce qui a conduit à cette décision ?
Plusieurs éléments ont été considérés parmi lesquels une rationalisation de l’organisation diocésaine. En effet, actuellement le diocèse est implanté à Nantes sur 3 sites distincts : à proximité de la cathédrale pour l’évêché, rue Cardinal Richard pour le secrétariat de l’évêché et à la Maison Saint-Clair pour la maison diocésaine.
Après le déménagement, ce nombre sera réduit à deux sites principaux. Cela va simplifier l’organisation et les échanges et permettre de réaliser des économies de fonctionnement et de
travaux. Le site de la Gourmette est également beaucoup plus accessible en voiture pour les visiteurs externes. - Que va devenir l’évêché historique ?
Il va être vendu afin de financer les travaux effectués sur le site de la Gourmette. La restauration complète du site de la Gourmette a représenté un budget global d’environ 1,5 M€. - Comment ce chantier a-t-il été préparé et accompagné ?
Pour chaque chantier important, notamment sur le plan pastoral ou sur le plan de l’organisation générale du diocèse, le dossier est discuté au sein de plusieurs instances : on peut notamment évoquer le collège des consulteurs ou le conseil presbytéral. En amont, le dossier peut aussi être préparé au sein d’un groupe de travail qui va solliciter les parties prenantes concernées en fonction des enjeux.
Bien entendu, au plan de la gouvernance et des enjeux financiers, le dossier fait également l’objet d’une autorisation par nos instances canoniques et juridiques : le conseil diocésain aux affaires économiques et le conseil d’administration. Une fois le chantier lancé, celui-ci est piloté et suivi par notre service travaux. - De façon plus générale, quelle est la taille du « parc immobilier » du diocèse ?
Si on exclut les lieux de culte et les biens paroissiaux, le diocèse dispose de 3 types de biens gérés en direct ou mis à disposition de structures externes exploitantes, qui représentent au global environ 30 000 m² :
• Des biens affectés « à l’activité », comme la Maison Saint-Clair, la maison des prêtres âgés de l’Immaculée, la maison du Bon Pasteur, le foyer d’étudiants du Chapeau rouge à Nantes,
• des biens qui participent à la place de l’Église dans la société, comme les locaux du Passage Sainte-Croix à Nantes ou ceux du Carré Sainte-Anne et du Parvis à Saint-Nazaire,
• Des biens de rapport qui permettent de soutenir certaines actions ou activités, comme Musique Sacrée ou le Passage Sainte-Croix. - Quelle est la stratégie de sa gestion ?
Sur le plan du principe, il faut distinguer 2 types de biens :
• Les biens prioritaires (forte valeur patrimoniale, utilité importante pour le diocèse) sont entretenus et restaurés pour être conservés durablement. Leur affectation peut évoluer au fil du temps.
• Les biens secondaires sont généralement vendus lorsque l’usage en cours s’arrête. Dans la pratique cependant, les contraintes budgétaires peuvent parfois influencer la
stratégie. - Y a-t-il d’autres projets en vue ?
Dans les paroisses, plusieurs lieux de culte, propriété de l’association diocésaine, vont nécessiter des travaux importants dans les années à venir. Des moyens conséquents devront être débloqués pour accompagner ces besoins d’entretien et de rénovation. Une réflexion globale est en cours pour déterminer les lieux de culte à privilégier, car le diocèse n’aura pas les moyens d’assumer tous les besoins.