Ce 28 novembre 2024 à la Maison Saint-Clair, juifs et chrétiens ont prié pour la terre sainte

C’était bien là le message essentiel délivré, sous la forme d’un vibrant témoignage, par le Père Bernard Fauvarque venu de Lille à l’invitation du SDRJ ; le service organisant chaque année une soirée amicale au cours de laquelle notre Évêque accueille la communauté juive et son rabbin M. Ariel Ben David.

Agé de 102 ans, ce prêtre « émérite » et écrivain à ses heures est une figure emblématique du dialogue interreligieux dont la longévité n’est qu’une facette de sa richesse intérieure qui incarne la persévérance, la foi et l’amour. Témoin des grands bouleversements du monde, sa parole porte haut et fort les valeurs intemporelles de la Bible dont le peuple juif est porteur, notamment en ces temps de grande épreuve : la tragédie de la guerre au Moyen Orient et le cauchemar d’un antisémitisme décomplexé et généralisé.

Il affirme que « le pire, c’est qu’après avoir été les victimes de la Shoa, les Juifs sont aujourd’hui montrés du doigt comme bourreaux après la très sévère riposte militaire contrainte d’Israël aux atrocités des massacres du 7 octobre ». Le Père Fauvarque nous met ainsi vigoureusement en garde contre « le piège satanique » de cette pensée aujourd’hui si répandue, simpliste et tendancieuse, qui nierait « la menace existentielle à laquelle Israël doit faire front sous peine de disparaître ».

La longue vie de cet homme éternellement jeune a été vouée à l’amour de Dieu que sa mère lui a transmis, et à l’amour inconditionnel des autres. A Lille où il réside, il a pour amis proches l’imam, le pasteur et le rabbin qu’il retrouve régulièrement tous les trois à la synagogue. « Je ne suis ni théologien, ni historien, ni enseignant, mais un simple prêtre qui remplit la mission que le Seigneur m’a confiée, celle de faire aimer Israël quelles que soient ses fautes ou ses défaillances… Mais avant d’accuser ce Peuple, balayons devant notre porte… Mon papa était un homme très droit, cultivé qui n’aurait manqué une messe pour rien au monde. Il était imprégné d’antisémitisme. Je ne lui en veux pas, c’était ainsi dans l’Église. Aujourd’hui aurions-nous évacué toute trace d’antijudaïsme ? Beaucoup de chemin reste à faire… »

Citant le dernier Concile et sa Déclaration Nostra Aetate, le Père affirme que le dialogue et l’amitié avec le Judaïsme ne sont pas qu’une option pour les chrétiens : « l’Église risque de s’étioler si elle perd ses racines. » C’est ce qui est décrit dans ses nombreuses publications très pédagogiques, dont sa dernière brochure « Pas d’Église sans Jésus, Israël et la Torah ». La parole puissante du vieux jésuite martèle les esprits, prend à rebours les idées reçues, interroge la conscience chrétienne, stimule la soif de connaître et de suivre Jésus-Christ « Torah vivante ». « Quand j’adhère à Jésus, j’adhère à la Torah qui doit continuellement m’inspirer… Plus je suivais les enseignements d’Armand Abecassis [professeur juif de philosophie], plus je découvrais la beauté du christianisme… » Autant de paroles surprenantes ! Mais bien plus encore : « La Terre d’Israël fait partie de l’identité juive, le seul Peuple à qui Dieu a donné une terre ». Et de citer André Neher : « L’Etat d’Israël n’est pas une conquête, mais le commencement de la Rédemption ! ». Évidemment, ce type d’allégation déconcertante et énigmatique pour beaucoup ne peut être reçu à sa juste mesure que par la connaissance et l’approfondissement de la vocation d’Israël et de sa Tradition toujours vivante auxquels le Père Fauvarque nous convoque.

À ce titre, le SDRJ reprendra les principaux thèmes de l’intervention de la soirée au cours de :

  • Deux ateliers d’échanges et de réflexion, les lundis 20 janvier et 3 mars à la Maison St Clair, de 18h30 à 20h (entrée libre).
  • De même, trois interviews du Père sont écoutables en podcast dans l’émission « Jésus juif et puis après… » sur Radio Fidélité.

Notre étonnant conférencier termine son intervention-témoignage par un regret et un appel : « On ne parle que trop peu du Judaïsme dans les parcours catéchétiques, les formations et les homélies. On n’entend guère prier pour Israël dans nos églises, c’est tabou… Or ce sont nos frères aînés et on ne laisse pas tomber un frère dans le malheur ! Derrière ces événements tragiques qui secouent Israël et les populations arabes, il y a un ennemi avec un grand « E », le prince du mensonge et de la division. Il n’a pas réussi à éliminer Israël par la Shoah et cette fois-ci il s’y prend différemment. Le conflit n’est pas judéo arabe mais judéo islamiste, et les chrétiens sont autant visés que les juifs. Il nous faut prier, prier sans cesse pour Israël ! ».

En guise de conclusion, le Père Bernard Fauvarque cède la parole au cardinal Jean-Marie Lustiger qui l’a beaucoup marqué : « Le lien commun aux juifs et aux chrétiens fonde leurs retrouvailles en ce siècle, garantissant l’œuvre qu’ils doivent accomplir sous peine de manquer à l’humanité. L’équilibre et la paix du monde y sont en cause. »

Enfin, le psaume 120 a été chanté en hébreu par M. le rabbin, et repris en français par Mgr Percerou et toute l’assemblée de juifs et de chrétiens.

PSAUME 120

01 Je lève les yeux vers les montagnes : d’où le secours me viendra-t-il ?
02 Le secours me viendra du Seigneur qui a fait le ciel et la terre.
03 Qu’il empêche ton pied de glisser, qu’il ne dorme pas, ton gardien.
04 Non, il ne dort pas, ne sommeille pas, le gardien d’Israël.
05 Le Seigneur, ton gardien, le Seigneur, ton ombrage, se tient près de toi.
06 Le soleil, pendant le jour, ne pourra te frapper, ni la lune, durant la nuit.
07 Le Seigneur te gardera de tout mal, il gardera ta vie.
08 Le Seigneur te gardera, au départ et au retour, maintenant, à jamais