Du 20 au 24 février 2025 à Rome, le Jubilé des diacres a réuni plus de 6 000 participants – diacres, épouses et proches – venant d’une centaine de pays. Les français étaient nous étions 547 pèlerins de de 62 diocèses métropolitains, et aussi de Saint-Denis-de-La-Réunion, de la Guadeloupe et de Tahiti. Une très belle expérience d’Eglise que nous partage Pierre Poitou, récemment ordonné au diaconat permanent.

Nous étions donc près de 600 pour la messe d’ouverture avec le cardinal Jean-Marc-Aveline, le passage de la Porte sainte à Saint-Pierre-de-Rome puis pour la messe du Jubilé des diacres où nous avons célébré l’Année sainte plus largement avec des diacres et leur épouse du monde entier, en communion avec tous ceux qui n’ont pu venir.

Plusieurs vidéos donnent écho à l’événement sur la chaîne YouTube du Comité national du Diaconat.

Quelques extraits de prises de parole pour illustrer ces quelques jours à Rome :

  • De l’homélie du Cardinal Aveline, lors de la messe d’ouverture

… A bien y réfléchir, votre ministère est central pour la mission de l’Église…//…décentre l’Église d’elle-même. Alors que par vocation, vous devez vous rendre proche, de ceux qui sont le plus loin, des réseaux ecclésiaux.
par vocation donc, vous êtes proches d’eux, et dans la liturgie diocésaine, vous êtes placés au plus prés de l’évêque. Juste à côte de cette tète, non pas pour démontrer votre savoir-faire liturgique…//…mais plutôt pour signifier la prédilection du Seigneur pour ces enfants les plus fragiles, ceux que la société éloigne et que la miséricorde de Dieu va chercher en premier. Vous êtes comme ceux qui portent le paralytique et qui, bravant tous les interdits, viennent le placer aux premières loges, tout prés de Jésus.
C’est là toute la dignité et parfois tout l’inconfort de votre ministère qui enrichit grandement la vie diocésaine et stimule sur te chemin de la sainteté non seulement tous les baptisés, mais aussi tous les autres ministres ordonnés, prêtres ou évêques, leur rappelant que la dimension diaconale reste à jamais au fondement de leur vocation.

Ce soir, au nom de mes frères évêques, ceux qui sont ici et ceux avec qui vous travaillez dans votre diocèse, je tiens à exprimer ma profonde reconnaissance envers vous-mêmes, chers frères diacres, mais aussi envers vos épouses et envers vos enfants.

Merci donc à vous, à vos épouses, à vos enfants, que le Seigneur bénisse vos ministères et que la Vierge Marie, protège l’élan missionnaire de vos cœurs. Nous, évêques, nous savons que vous êtes à la fois grains de sable et grains de sel… Notre gratitude et notre prière vous accompagnent.

  • De l’homélie du Pape François lue par Mgr Fisichella lors de la messe du dimanche

Réfléchissons donc à cette dimension fondamentale de la vie chrétienne et de votre ministère, en particulier sous trois aspects : le pardon, le service désintéressé et la communion.

Pardonner signifie donc préparer une maison accueillante et sûre pour l’avenir en nous et dans nos communautés. Et le diacre, personnellement investi d’un ministère qui le conduit aux périphéries du monde, s’engage à voir – et à enseigner aux autres à voir – en tous, même en ceux qui se trompent et font souffrir, une soeur et un frère blessés dans l’âme, et donc ayant plus besoin que quiconque de réconciliation, d’accompagnement et d’aide.

…//…Frères diacres, le travail gratuit que vous accomplissez, expression de votre consécration à la charité du Christ, est pour vous la première annonce de la Parole, source de confiance et de joie pour ceux qui vous rencontrent. Accompagnez-le le plus possible avec le sourire, sans vous plaindre ni chercher la reconnaissance, en vous
soutenant mutuellement, même dans vos relations avec les évêques et les prêtres, « comme expression d’une Église engagée à grandir dans le service du Royaume avec la valorisation de tous les degrés du ministère ordonné » (C.E.I., I Diaconi permanenti nella Chiesa in Italia. Orientamenti e norme, 1993, p. 55). Votre action concertée et généreuse sera ainsi un pont qui reliera l’Autel à la rue, l’Eucharistie à la vie quotidienne des gens. La charité sera votre plus belle liturgie et la liturgie votre plus humble service.

…//…Et nous arrivons au dernier point : la gratuité comme source de communion. Donner sans rien demander en retour unit, crée des liens, parce que cela exprime et nourrit une communauté qui n’a d’autre fin que le don de soi et le bien des personnes. Saint Laurent, votre patron, à qui ses accusateurs demandaient de leur remettre les trésors de l’Église, leur montra les pauvres et leur dit : « Voilà nos trésors ! » C’est ainsi que l’on construit la communion : en disant à son frère et à sa soeur, avec des paroles, mais surtout avec des actes, personnellement et en tant que communauté : “tu es important pour nous”, “nous t’aimons”, “nous voulons que tu fasses partie de notre cheminement et de notre vie”. C’est ce que vous faites : des maris, des pères et des grands-parents prêts, dans le service, à agrandir vos familles pour ceux qui sont dans le besoin, là où vous vivez.

  • De l’intervention de Sœur Nathalie Becquart, Xavière. sous-secrétaire du synode des évêques.

Dans une réflexion sur l’église synodale qui petit à petit se met en œuvre de plus en plus ; que nous sommes appelés à mettre en œuvre ; Église diaconale.

…//… La synodalité est l’Église ensemble … une Église missionnaire. Tous participent. On n’a pas une formule mathématique pour la mettre en œuvre ; c’est un art. Et plus on s’exerce et on relit la manière dont on le vit, plus on va discerner comment mieux devenir plus synodaux.

Avec le Synode, on a compris que la pluralité des vocations des ministères et des charismes c’est une richesse.

Personne n’est trop pauvre pour n’avoir rien à donner et personne n’est trop riche pour n’avoir rien à recevoir.

Alors, pour vivre cela, la plus grande des conversions à vivre – et c’est le chapitre 2 du document final, la plus centrale peut-être – c’est la conversion des relations.
On est appelé à de nouvelles relations pour vivre ce style de la fraternité, d’être frères et soeurs en Christ, dans la pluralité des contextes.
Ce qu’on a compris davantage avec le synode c’était déjà les jeunes qui avaient bien pointé ça : ils n’attendent pas d’abord une Église institution, avec des belles structures. Ils veulent une Église relationnelle.
Alors, vous comprenez qu’avec cette clé là une Église synodale est une Église relationnelle.
Une Église diaconale est une Église relationnelle.

Le rituel de l’ordination met ça aussi en lumière. C’est ainsi qu’au premier temps de l’Église, les apôtres du Christ, soucieux de se livrer en toute liberté à l’annonce de la Parole, ont choisi, sous l’action de l’Esprit Saint, sept hommes estimés de tous qui les aideraient dans le service quotidien.
C’est cela la synodalité : écouter les cris et les besoins du monde, discuter ensemble comment y répondre, chercher, et prendre des décisions sous l’action de l’Esprit qui mène à un consensus créatif pour ouvrir des routes qu’on n’avait pas imaginées.