Les États généraux de la bioéthique ont été ouverts tout récemment. Dans les mois prochains, des débats seront organisés chez nous, au sujet des Procréations Médicalement Assistées (PMA), de la Gestation Pour Autrui (GPA) et de la fin de vie, entre autres. Ces sujets nous renvoient à des expériences concrètes de la vie de nos familles : un couple souffre de ne pouvoir accueillir d’enfants. Dans une autre famille, certains ont vécu douloureusement la fin de vie d’un proche. Ailleurs, une personne soignante est confrontée à la pénurie de moyens pour accompagner des malades. Des médias rapportent des situations extrêmes et soulignent la nécessité de faire évoluer la loi. Alors s’expriment de nombreuses questions : ce qui est techniquement possible grâce au progrès scientifique, est-il moralement souhaitable ? Quels sont les enjeux essentiels de ces techniques nouvelles ? Peut-on bâtir notre vie, nos choix de vie sur des résultats de sondages et sur « l’air du temps » ? Quelle est la place de l’enfant dans le « droit à l’enfant » tant de fois revendiqué ? La personne humaine est-elle simplement sujet de droits ? Quel est le rôle de la loi civile ? Le législateur est-il là pour entériner simplement l’évolution des opinions ? Peut-on prendre des orientations, en matière de santé publique, à partir des seules pressions financières ? Où en est-on du développement de la culture palliative recommandée par la loi française actuelle ? Quel éclairage peut apporter notre foi chrétienne sur ces questions ?
Au cours de ces États généraux de la bioéthique, l’Église prend sa place. Elle écoute, dialogue et argumente. J’encourage aussi les catholiques du diocèse, à prendre au sérieux les questions graves qui sont posées. Nous sommes invités à entrer dans un débat, certes peu confortable, mais nécessaire, s’il offre les références éthiques indispensables. La seule émotion, le seul ressenti ne suffisent pas. Non pas seulement réagir, ressentir, mais réfléchir ! De ce point de vue, suivant la capacité de chacun et sa disponibilité en temps, des articles, des ouvrages sont disponibles. Une formation est proposée par le Service diocésain de la Pastorale de la santé et d’autres. Des dialogues sont possibles entre chrétiens sur ces sujets, dialogues éclairés par la réflexion de l’Église sur la personne humaine, sa dignité inaliénable. Mais alors, qu’est-ce que cette dignité ?
Et puis, des personnes catholiques sont engagées dans les professions de santé, participent à une aumônerie, sont membres d’institutions qui prennent soin des plus fragiles, vivent concrètement le respect dû à toute personne et la compassion, habitées par leur foi. En leur exprimant ma gratitude, je les invite au témoignage, dans « la douceur et le respect » (1Pi 3, 16). Mon expérience bien limitée dans l’accompagnement des personnes avec un handicap mental et de leurs familles, m’a fait découvrir, au milieu de beaucoup de souffrances, le rôle et la place majeurs de nos frères et sœurs les plus fragiles, pour nous humaniser et humaniser le monde. Sans doute, cela suppose-t-il personnels accompagnants, efforts financiers, soutiens des familles et des personnes.
Mais quelle société voulons-nous pour aujourd’hui et demain ? Quelle place pour le plus faible d’entre nous ? Que l’Évangile du Christ, « l’Évangile de la vie », nous éclaire et nous stimule !
+Jean-Paul James
évêque de Nantes