©photo : La crèche animée de l’église Saint-Gohard à Saint-Nazaire
Les sociologues, politologues, journalistes et économistes disent que nos sociétés occidentales ont peur. Peur du terrorisme, des migrants, du chômage, du réchauffement climatique, de la guerre aux portes de l’Europe et au Proche-Orient… Et nous pourrions continuer cette trop longue litanie des peurs qui nous tenaillent.
C’est dans ce climat que nous nous apprêtons à célébrer Noël. Cette fête sera-t-elle un simple répit au milieu d’une grande dépression, un peu comme l’aspirine qui fait baisser provisoirement la fièvre sans traiter le mal ? Ou sera-t-elle l’occasion de regarder ces peurs en face pour les dominer, pour trouver l’espérance nécessaire et regarder l’avenir sans crainte ?
En des temps troublés, dans un coin méconnu de Judée et dans l’inconfort d’une crèche, un enfant voit le jour. Il pousse son premier cri loin de chez lui et connaîtra, peu de temps après sa naissance, l’exil en Égypte afin de fuir les soldats d’Hérode. Nous le voyons, derrière le chant des anges et l’émerveillement des bergers, l’inquiétude et la peur rôdaient autour de la Sainte Famille.
Mais, précisément, que viennent nous dire ces anges et ces bergers ? Sinon que dans la fragilité d’un enfant, dans la joie sans doute mêlée d’angoisse de ces jeunes parents perdus en un village qui n’était pas le leur, Dieu, en Jésus, se fait homme au milieu des hommes. Il veut partager leur quotidien mêlé de joies, de peurs et d’angoisses pour y faire surgir l’espérance. Feuilletant un Évangile, nous découvrons des hommes et des femmes enfermés dans le mal, frappés par l’épreuve de la maladie, écrasés par les accidents de la vie et que Jésus pardonne, guérit, relève. Ouvrir la vie des hommes à l’espérance sera son combat, il y perdra la sienne mais les chrétiens le croient : l’espérance aura été plus forte que la mort, Dieu son Père l’a ressuscité à jamais ! C’est cette Bonne Nouvelle qui les anime et qu’ils veulent annoncer : la peur ne peut vaincre ! L’espérance aura le dernier mot.
Nous pouvons tous reconnaître la petite flamme « espérance » dans la fragilité de l’enfant de Bethléem. Elle est vacillante mais vaillante, présente en notre vie, capable de nous mettre en marche malgré nos peurs et nos inquiétudes pour que nous nous engagions au service de notre « maison commune » – notre monde – afin qu’il soit plus juste, plus fraternel, plus solidaire. Toute parole, tout geste qui font reculer la peur et ouvrent l’avenir sont autant d’étoiles de Noël à repérer et à fêter, tant nous sommes enclins à contempler davantage la noirceur de la nuit.
Les chrétiens, dans ce contexte, ne doivent pas oublier qu’en pleine pâte humaine, ils sont appelés à être levain d’espérance. Je vous souhaite un bel Avent et, à vous tous, un Noël de paix qui fasse briller la nuit des mille feux de la tendresse de Dieu !
Mgr Laurent PERCEROU
Évêque de Nantes
paru dans ELA n° 142 – Décembre 2023
Il conviendrait de recommander la dévotion réparatrice des cinq premiers samedi du mois.