Comme chaque été, la Délégation Catholique pour la Coopération (DCC) vient de rassembler durant une semaine au lycée de la Joliverie à Saint-Herblain, les volontaires de toute la France, sur le départ vers 25 pays différents : en Afrique, en Amérique latine, en Asie, au Maghreb… Ils sont 81 cette année et ont de 18 à 64 ans. Parmi eux, 3 volontaires habitent en Loire-Atlantique et ont accepté de témoigner de leurs projets solidaires.

Gaël et Olivier Latreille habitent La Chapelle-sur-Erdre avec leurs cinq enfants de 3 à 11 ans. Le 4 septembre prochain, ils s’envoleront vers Lomé, la capitale du Togo où les attendent, pour deux ans, des missions de Volontariat de Solidarité Internationale (VSI) auxquelles ils aspirent et se préparent depuis plusieurs mois.

Gaël avait connaissance de ce dispositif de VSI, car des amis étaient partis avec Fidesco il y a plusieurs années et le projet trottait dans un coin de sa tête… Après un été familial riche d’une retraite à l’Ile Bouchard, et un parcours avec « l’école foi et mission » de la communauté de l’Emmanuel, l’idée a mûri pour devenir un projet plus concret à la faveur d’opportunités professionnelles (cessation d’activité pour elle, ralentissement du marché pour lui) : « nous avions envie de donner, notre parcours à l’Emmanuel nous avait fait prendre conscience de notre responsabilité de baptisés missionnaires…. En deux semaines de réflexion, nous étions prêts et avons cherché avec quel organisme nous pourrions partir. » A la faveur d’échanges avec une autre famille qui connaissait bien la DCC, Gaël et Olivier font acte de candidature et participent à la session de trois jours « choisir » : « Cette découverte de la Délégation Catholique pour la Coopération a confirmé que nous étions sur la même longueur d’onde : en confiance, en résonance et en cohérence avec les valeurs de l’organisme ».

L’attente d’une affectation paraît bien longue, mais déjà le couple met sa fille aînée dans la confidence « elle devait entrer en 6e, nous visitions des établissements scolaires, nous avons trouvé important de lui partager rapidement ce projet et de recueillir son avis, ses impressions. » Dès que les missions sont confirmées le reste de la fratrie est informée de l’aventure qui les attend… « Et là, les questions ont fusé : est-ce qu’on va habiter dans une case ? Est-ce qu’on ira à l’école ? … » Peu à peu l’entourage est mis au courant, les réactions sont enthousiastes « par le regard de nos proches, les enfants ont senti la chance qu’ils avaient de vivre cette expérience. Nous sommes conscients que ce projet est le nôtre, mais nous souhaitons aussi les éveiller au sens de l’engagement, du service. Nous le vivions déjà dans la paroisse, mais ils grandissaient dans un milieu privilégié, il leur manquait l’expérience de la diversité et toute la richesse de la rencontre de l’autre ».

Mais alors, quelles missions attendent ces deux volontaires ? « Nous avons été surpris par les missions car elles ont une grande résonance avec nos parcours, elles seront professionnalisantes pour nous et ne viendront pas en dissonance sur nos CV ». Olivier va prendre la direction d’une association intitulée « Moi jeu tri Togo ». C’est un programme écocitoyen qui promeut l’économie solidaire et le recyclage, déjà présent dans plus de 86 écoles de ce pays, il existe aussi en Côte-d’Ivoire. « J’aurai un an pour former la personne qui prendra la direction après mon départ, c’est très motivant d’envisager d’aider l’association à se déployer et de faire monter quelqu’un en compétence ». Gaël, elle, sera directrice commerciale pour une agence de marketing spécialisée dans la sérigraphie, et l’impression sur tous supports.

Petit clin d’œil qui soutient leur décision, Gaël et Olivier, il y a quelques années avaient accompagné le projet d’« experiment » de six jeunes filles,  compagnons Scouts de France… Elles étaient alors parties dans un orphelinat au Togo… Au retour elles leur avaient offert, un pagne et un beau livre de photos de ce pays. Ils l’ont réouvert avec une curiosité renouvelée, il y a quelques mois !… Restés en contact avec ces jeunes femmes, ils ont eu le plaisir de leur annoncer que c’était à leur tour de découvrir le Togo et d’y vivre une expérience de coopération qu’on leur souhaite la plus belle possible !

Maïlys Lassalle habite Nantes, elle aussi s’est engagée à partir prochainement, pour une mission d’aide-soignante, pour un an renouvelable. La jeune femme qui sera diplômée d’ici la fin du mois a déjà une petite expérience de bénévolat dans un orphelinat du Bénin, durant quatre mois, il y a quelques années. Elle a souhaité s’engager à nouveau, avec le soutien de la DCC « car le retour du Bénin avait été un peu difficile à vivre », sans accompagnement particulier, elle avait senti qu’il n’était pas simple de reprendre une vie ordinaire après un tel engagement.

Cette fois, la surprise est venue de la destination : elle a été affectée à l’hôpital Saint-Louis de Jérusalem, un bel établissement qui dépend des soutiens financiers et de volontariat étrangers. Pour l’instant, la date du départ de Maïlys n’est pas fixée en raison de la situation sur place : « c’est très complexe et cela me dépasse, alors j’évite de trop me projeter tant que je n’ai pas plus d’éléments ». La session d’été de la DCC est l’occasion de rencontrer d’autres personnes qui sont aussi attendues dans cet hôpital et d’entendre des conseils de grande vigilance sur sa manière d’être, lorsqu’elle sera sur place. « Je souhaitais découvrir une autre culture… Là, en l’occurrence, je découvrirai aussi d’autres religions, dans un lieu incomparable, un lieu saint à l’origine de ma foi ! J’espère y être d’ici trois à quatre mois, si la situation s’apaise un peu sur place… En étant aide-soignante je peux travailler ici, de mois en mois, c’est un avantage ». En septembre, le ministère des Affaires étrangères sera interrogé sur la possibilité de reprendre les missions en Israël. En attendant, la DCC maintient les liens avec les partenaires locaux, très démunis devant la situation actuelle.

Isabelle Nagard